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Shangols
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12 mai 2008

Histoire(s) du Cinéma : (2B) Fatale Beauté (1997) de Jean-Luc Godard

h2b040"Je voulais être ingénieur, je ne sais même pas si j'ai réussi à être ingénieux". Mais si, mon gars, bon je te l'accorde c'est pas toujours clair comme de l'eau de roche, mais La Montagne Magique du cinéma est dure à gravir et on ne peut point dire que tu ne fasses point tout ce qui est en ton pouvoir pour éclairer ma Laterna magica. On dérive encore et toujours presque plus sur le(s) terme(s) d'"histoire" que sur celui de "cinéma", Godard ("Toutes ces histoires qui sont maintenant à moi, comment les dire, les montrer peut-être ?) évoque autant des titres littéraires qu'il raconte des anecdotes sur le cinoche dans un certain contexte historique... mise en abyme sans fond, correspondances infinies. Episode autour du thème de la Fatale Beauté (la beauté liée inexorablement à la mort car forcément toutes les fleurs se fanent), mais plutôt que de disserter longuement sur ces beautés fatales filmées, forcément, par des hommes, Godard semble plus vouloir réfléchir ("Le cinéma n'est ni un art, ni une technique mais un mystère") sur l'attirance, la magie de la beauté même. Magnifique texte (d'Elie Faure) lu par une Sabine Azéma Louise Brooksienne, très inspirée, sur la Beauté, cette "ensorceleuse ensorcelée", ce sortilège qui permet à chacun de "s'échapper de l'angoisse de sa solitude" en lui permettant une "fuite dans la beauté". Passage assez malicieux également sur l'invention du plan américain qui filme les hommes au niveau du revolver et donc du sexe, alors que les femmes sont filmées au niveau de la poitrine : Godard de conclure que chaque histoire d'amour est une histoire de "nourrice" - l'histoire du cinéma semble ainsi trouver son origine, et les films d'apparaître comme des images dont Godard s'est repu eth2b029 nourri jusqu'à chercher maintenant à nous en sevrer. "Les films sont des marchandises, je l'avais dit à Langlois. L'Art est comme un incendie, il naît de ce qu'il brûle" : référence en passant aux lumières des spotlights qui consument les actrices, sur un art qui doit renaître de ses cendres, ou tout simplement sur un art voué à disparaître ?... Mais non, une "vague nouvelle" se profile au loin pour étancher notre soif... A suivre donc...   (Shang - 11/05/08)


histoire2b_02Un épisode de très grande tenue, où JLG se laisse complètement aller à son rapport émotionel avec les images et l'histoire du cinéma, se faisant au besoin moraliste (King of New-York de Chaplin monté sur des images de film porno), mais se faisant surtout étonnamment sentimental. Baudelaire marquait le partie 2A, c'est Proust qui marquera la partie 2B : Godard part à la recherche d'une beauté enfouie, tente de retrouver le temps, quelque chose de l'"enfance de l'art" (on voit même une petite fille en train de filmer). Azéma est tout simplement prodigieuse dans son interprétation d'un texte ardu et poignant sur la beauté originelle cachée dans tout homme : le montage de son image et de sa voix avec une chanson de Tom Waits et un plan bouleversant de Prénom Carmen amène une des plus grandes émotions de ces Histoire(s) du Cinéma, quelque chose d'une époque effacée qui ressurgit sous la magie des correspondances.

histoire2b_03On entend pour la deuxième fois cette phrase : "Sois sûr d'avoir épuisé tout ce qui se communique par l'immobilité et le silence", conseil dont je saurai tenir compte, faites-moi confiance. Parmi les "nouveaux venus" dans la série, Pagnol, et plus curieusement de Palma, pour un plan certes furtif mais très incongru dans ce montage (une image de Cassavetes dans Furie, ce me semble). Et toujours ces comparaisons entre cinéma et mort, entre cinéma et Histoire ("Friedrich Murnau ou Karl Freund ont inventé les éclairages de Nuremberg alors qu'Hitler n'avait pas de quoi se payer une bière", comprenne qui peut). Un épisode franchement poignant, ancré fortement dans un monde intérieur mélangeant ténèbres et enfance. A suivre, avec des bonds de joie.   (Gols - 12/05/08)

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