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Shangols
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11 mai 2008

Histoire(s) du Cinéma : (1B) Une seule Histoire (1989) de Jean-Luc Godard

histoire_du_cinema_24

J'avoue avoir eu beaucoup plus de mal à suivre (mon cerveau s'alanguirait-il si vite, mon Dieu!) ce second opus qui part un peu plus dans tous les sens et qui semble souffrir également d'une question cruciale de droit, la plupart des extraits étant le plus souvent réduits au simple titre des films... Beaucoup moins facile de faire le lien et de prendre du recul sur ce flux constant d'idées et d'images. Pour JLG, les deux grandes histoires du ciné s'articulent autour du sexe et de la mort (quel meilleur titre en illustration que Kiss me deadly avec en prime un long extrait, ultra ralenti et saturé de couleur -la marque du JLG - de Duel in the Sun de King Vidor...); il s'amuse autour du mot industrie, en disant que si le cinéma est une industrie c'est avant tout celle... non point forcément du spectacle mais des cosmétiques... Hommage appuyé à Renoir, à Guitry, images aussi entre autres de l'éternel Henri Langlois ou de Dziga Vertov, deux influences majeures chez Godard. Autre idée développée, celle qui part du principe qu'"en héritant de la photographie, le cinéma a toujours voulu plus faire plus vrai que la vie" - pas sûr qu'il soit parvenu à remplir son rôle, hein, vous disiez ? Parmi le kaléidoscope d'images qui s'entrecroisent, une belle séquence sur les jeunes filles "en fleurs" du cinéma, de Baby Doll à Lolita, et quelques échappées belles sur le cinéma africain. Difficile parfois de suivre le fil conducteur, on regrette de ne point avoir le maître sur l'accoudoir du fauteuil pour qu'il éclaircisse le petit scarabée que nous sommes. Bel hommage tout de même en passant aux Frères Lumières -"qui avaient presque la même bobine", ça mange pas de pain- et sur leur fameuse phrase que Godard triture dans tous les sens sur le fait que le cinéma n'avait pas d'avenir (art mort-né ou art du présent... That is the question); petite allusion aussi au fait qu'en vidéo la bobine de droite est appelée "le maître" alors que celle de gauche est surnommé "l'esclave" - une chtite pique politique qui m'étonnerait guère. Bon je vais tenter de me ressaisir pour les épisodes suivants, le temps de digérer tout ça... à suivre donc...   (Shang - 09/05/08)

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Toujours autant de beauté dans le montage, autant de sensibilité dans l'inspiration, autant l'impression d'assister à un manifeste solitaire et déà enterré dans le passé... mais, c'est vrai, un peu plus de flou au niveau des idées. On a l'impression que cet épisode est plus sentimental que véritablement profond, ou alors c'est qu'on n'a rien compris, ce qui est encore possible.

histoire1b_03En plus des élèments relevés par mon camarade (le ralenti sur Duel in the Sun est effectivement une splendeur), notons quand même qu'un autre cinéaste important dans l'oeuvre de JLG fait ici son apparition : Hitchcock, convoqué par plein de biais différents : la tension de la musique de Psycho, la "morbidité érotique" de la scène de sauvetage de Vertigo, et un aure superbe ralenti sur la robe de Marnie qui lui tombe sur les chevilles, trois belles séquences idéales pour illustrer cette "industrie de la mort" qu'est le cinéma. La mise en parallèle de ces images avec celles, documentaires, de la Shoah, s'impose comme une évidence. Et puis Godard se permet dans cette partie de parler de son histoire personnelle (c'est le double sens du titre), en montant plus ou moins discrètement des plans de ses propres films : image apocalyptique de Week-end, simple allusion à Sauve qui peut (la Vie), autoportrait en cinéaste maladroit de Soigne ta Droite (seule apparition du cinéma récent jusqu'à maintenant), et surtout vibrante déclaration d'amour au cinéma brechtien avec de plus larges allusions au Mépris. Il me semble même qu'il y a un ou deux plans de Prénom Carmen, qu'on m'arrête si je me trompe, pour illustrer cet ancrage du cinéma dans la mort et le sexe.

"C'est avec les couleurs du deuil, avec le noir, avec le blanc, que le cinéma se mit à exister", nous rappelle histoire1b_01brillamment le maître. Son épisode est très ancré dans le morbide, dans une sorte de "mystique infernale" (beaux extraits de L'Evangile selon Matthieu de Pasolini), et même les plans joyeux des comédies musicales grand cru vont dans ce sens : la mort du cinéma, que bien sûr JLG attribue en partie à la télé. Voir à ce propos, dans l'édition DVD française, la conférence de presse de Godard à Cannes, où il en vient presque aux mains avec un pauvre caméraman de télé, qu'il compare à Le Pen... Pour Godard, le cinéma en tant qu'art a disparu (beauté foudroyantes des premiers films de l'histoire, les expériences de Muybridge ou des Lumière); reste la culture, qu'il oppose à Rembrandt, Gauguin ou Manet. A suivre, toujours aussi mélancoliquement...   (Gols - 11/05/08)

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God-Art, le culte : clique

Commentaires
M
Hello, dear Shangols, j'espère que ça boume joliment.<br /> <br /> <br /> <br /> Ce n'est pas grave, mais si vous allez ici<br /> <br /> <br /> <br /> https://a01186537.weebly.com/uploads/3/7/8/7/37872929/69220_orig.jpg<br /> <br /> <br /> <br /> vous verrez l'image qui gratte l'occiput et le sinciput.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon aprèm.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> P. S. Pour info, le site de France Télévision propose "Histoire(s) du cinéma", ainsi que trois courts métrage de Godard. C'est là <br /> <br /> <br /> <br /> https://www.france.tv/collection/4182397-godard-prenom-jean-luc/
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M
Sur l'"apparition du cinéma récent", ne peut-on pas ajouter, si j'ai bien lu et vu, la citation écrite de "L'enfant sauvage" et ces images en surimpression d'"Apocalypse now" ?<br /> <br /> <br /> <br /> Connaissez-vous les acteurs (et le titre du film), que l'on voit au début et qui reviennent de manière récurrente jusqu'à la fin : un homme et une femme filmés de face ?
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L
Je confirme: il y'a bien un plan de "Prénom Carmen"...Perso je l'ai trouvé encore plus beau que le 1er épisode...peut-être en raison des plans où il y'a seulement de la musique et aucune parole...Magnifique :-)
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