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23 avril 2008

The Queen de Stephen Frears - 2006

the_queen_9C'est une bien petite chose que ce film ni politique ni critique ni documentaire, qui aurait pu trouver toute sa place dans une soirée télé agréable, mais qui, dans l'écrin chatoyant que lui octroie Frears, apparaît un peu comme une tempête dans un verre d'eau. The Queen se concentre sur la semaine qui suit la mort de lady Diana, et s'évertue à prouver les ébranlements politiques que cet évènement a eu sur la monarchie anglaise. "S'évertue", je dis bien, car il s'avère en fin de compte qu'au niveau poilitique, il y a bien peu de choses à se mettre sous la dent : le petit monde doré de l'entourage de la Reine est bien un peu gêné aux entournures par cette mort délicate à gérer, le nouveau ministre Blair s'y montre bien fasciné par le protocole royal, on décèle bien quelques tares dans le système monarchique, mais finalement, c'est quand même un bien petit évènement que celui-là. Toujours pensé que la folie médiatique entourant la mort de Diana se résumait plus à l'hystérie de 2 millions de lectrices de Voici plutôt qu'à un vrai évènement : ce film le confirme malgré lui.

Pourtant Frears fait tout pour nous faire croire à un bouleversement politique capital. Sa mise en scène, taille XXL pour un film qui se serait contenté du S, est emphatique et trop énorme : une musique à contre-sens des images, vaste orchestration qui dément la modestie du sujet ; certains plans sont totalement the_queen_poster2jpgillogiques vu la trame (des vues d'hélicoptères sur la propriété de la Reine, par exemple) ; et la symbolique est parfois lourdement ampoulée (un cerf traqué par les chasseurs pour symboliser la fin d'une certaine idée de la grandeur royale). Très curieux de constater cette mégalomanie "feutrée" de Frears alors même que The Queen prend souvent également la forme d'une série américaine de base : raconter un évènement "minute par minute" ; utiliser le fantasme de la coulisse, du off, comme si on pénétrait dans le petit cercle des initiés (idée explorée par toutes les séries actuelles, et aussi par Munich de Spielberg, mais avec autrement plus d'implications politiques) ; donner une impression de rapidité, doper une scène "banale" par le montage (découpage incompréhesible lors de la première rencontre entre Blair et la Reine).

Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ce film assez populiste dans son esthétique (les fastes des décors royaux versus les couleurs ternes du bureau de Blair) et son scénario (une Reine qui ne comprend the_queen_23plus les larmes (de crocodile) de son peuple). La critique politique est caricaturale, d'autant que les acteurs font tout pour rentrer dans les moules pré-établis de leurs statuts. Heureusement, dans la dernière demi-heure se dessine un fond un peu plus subtil, tendant à prouver que la direction d'un pays se résume à donner ce qu'elle veut à sa population, et teintant d'un peu de subtilité ces ombres de personnages. Mais il manque clairement le contre-champ de tout ça, une vraie critique du peuple lui-même dans son hystérie vis-à-vis de Diana, une vraie réflexion sur la monarchie et sur les manipulations de Blair (ici considéré comme un gentil benêt dépassé par les évènements), et une vraie mise en scène engagée. Le film est programmé pour plaire aux gens, en les confortant dans leurs images de tabloïd, sans jamais remettre celles-ci en question, en leur faisant croire qu'ils viennent de faire de la politique alors qu'ils viennent de regarder un gentil téléfilm sans conséquence.

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