Lettre à Jane (Letter to Jane : An Investigation About a Still) (1972) de Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin

S'arrêter sur une simple photo pendant presque une heure, voilà un projet de pure sémiotique forcément intéressant. Ennuyeux à mourir également, certes, même si les accents anglais de Godard et Gorin, qui s'évertuent à utiliser la langue de Shakespeare, est finalement presque divertissant (les Anglo-saxons doivent encore en rire en y repensant, po grave). S'il s'agit pour nos deux compères de dire en quoi cette photo a été finalement détournée dans la presse occidentale de son projet initial (mise en valeur de Jane Fonda en tant que star-activiste qui demanderait la paix (mais quelle paix?), dans la légende de la photo dans l'Express, alors que celle-ci n'ouvre point la bouche), ils semblent surtout s'intéresser au simple fait de PASSER UNE HEURE sur une simple image - Gorin dit d'ailleurs dans une interview qu'ils auraient pu tout aussi bien en passer dix. C'est rempli de longs écrans noirs qui feraient la joie de Gols, mais c'est aussi terrifiant par l'emploi constant d'un jargon discursif qui pédale souvent pendant de longues minutes dans la semoule (à force de décrire et d'expliquer le pourquoi du comment du pourquoi du but éventuel du projet, on perd le fil de leur pensée, frrrrankly spiking). Bref, subsiste malgré tout un concept qui, à défaut d'être efficace dans son exécution, fait réfléchir en tant que concept même : l'idée de prendre le temps et de déchiffrer tous les sens cachés qu'il peut y avoir derrière un simple cliché. 24 images par secondes pour une image en une heure, finira par nous rendre berzingue ce Godard.

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