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8 avril 2008

Pardonnez-moi de Maïwenn Le Besco - 2006

18673885_w434_h_q80Le sujet de Pardonnez-moi est plus que balisé ; c'est carrément maintenant une piste d'aéroport. En même temps règlement de compte familial et autoportrait en femme souffrante, le film navigue sur les eaux déjà amplement battues par les Eustache (pour la réflexion sur l'intimité), Pialat (pour le portrait violentissime de la figure paternelle) ou... Le Besco soeur elle-même. C'est sûrement là la limite de cet essai rentre-dedans et un peu trop fier de sa soi-disante originalité : Maïwenn arrive après la bataille, et ce n'est pas en traçant le portrait d'un père brutal qu'on parvient à la hauteur de A nos Amours, ni en contemplant son nombril (dans le sens strict du terme : la fille est enceinte et filme son ventre) qu'on refait La Maman et la Putain. Visiblement, Maïwenn n'a pas pas vu beaucoup de films, convaincue qu'elle est de la profonde originalité de sa trame.

Pourtant, il y a plein de belles choses dans Pardonnez-moi, dues notamment à la totale sincérité de la donzelle. Considérant le fait de filmer comme une thérapie, comme une manière d'exorciser son passé de fille battue et abandonnée par des parents barrés, elle livre une sorte de bidule bancal fait dans l'urgence, maniant le borderline avec l'innocence d'une gamine. Il y a 18673876_w434_h_q80quelques scènes de pure situation qui valent leur pesant d'insolence, frôlant parfois un ton à la Festen (cité presque nomément) : un repas de famille qui vire au western sanglant (psychologiquement), une fausse scène d'interview réglée au petit poil, ou une séquence de règlment de compte shakespearienne entre une fille et son père (Pascal Gregory, effrayant bien qu'à la limite de la construction un peu voyante). Assumant totalement un amateurisme qui favorise ce filmage intense, Maïwenn brandit son caractère frontal comme une bannière : elle cherche la caméra la plus "amateur" possible, et jaillit littéralement dans chaque séquence, comme une teigne hystérique ; ça donne parfois une tension superbe. Dommage qu'elle ne se contente pas de cette urgence, et charge parfois son film de "trucs" inutiles, ralentis, arrêts sur image, utilisation floue de la musique.

18673877_w434_h_q80Elle tombe par ailleurs souvent en plein dans le grand-guignol le plus moche, le mauvais goût total et inconscient, et ne sait pas toujours où s'arrêter. Elle en fait trop, quoi, si bien que Pardonnez-moi finit par poser quelques doutes quant à la fameuse "quête de vérité" revendiquée par la demoiselle. Il y a pas mal de choses fausses là-dedans, acteurs (à l'exception d'Hélène de Fougerolles qu'on imaginerait bien dans un Pialat, du coup) ou idées de scénario. Quant à Maïwenn elle-même, elle finit par être assommante dans ses hystéries adolescentes, que son passé affreux n'excuse pas toujours. Et puis il y a toujours cette question qui existera tant que le cinéma existera : est-ce une bonne idée que de se servir du film comme d'un journal intime ? Tel quel, Pardonnez-moi ne franchit que rarement la barre de la thérapie en direct, on se sent limite exclus de cette vie horrible et de cette famille de freaks. Mais bon, c'est un premier film, et c'est assez insolent pour tenir la route.

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