Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
3 mai 2019

Lettre à Freddy Buache (1981) de Jean-Luc Godard

2_940244_16_2Restons en Suisse pendant qu'on y est, avec cette oeuvre assez jouissive de Godard. Il devait réaliser un film pour les 500 ans de Lausanne et forcément son oeuvre a été refusée. Ouais, on l'aura compris, Godard et les "commandes", ça fait deux. Bien dommage d'ailleurs - ou pas plus mal - puisque Godard en profite pour commenter lui-même sa façon de voir et c'est forcément d'un grand intérêt aussi bien dans le fond (de l'histoire... ou du lac) que dans la forme - disons qu'il s'agit d'un commentaire pour la forme, voire même une grande forme du Suisse. "On m'avait donné de l'argent pour faire un film "sur" et ça c'est un film "de" - il arrive pas encore à la sur-face..." et c'est comme cela, tout à l'avenant, pendant dix minutes sur la musique du Boléro de Ravel. Godard évoque les trois plans "qu'il aurait fallu filmer" pour un tel film tout en nous les montrant, finalement, presque pour prouver sa bonne foi. Son texte où il évoque les 500 ans de Lausanne est magistral, tant il part tout simplement de son idée sur Lausanne il y a justement 500 ans : un monde vivant sur les rives, proche de l'eau, un monde habitant sur les montagnes, proche du ciel et ces deux périphéries qui ont fini par se perdre "corps et âmes dans le centre". Il filme les lignes de la ville avec un grand sens de la fluidité, les formes dans l'eau ou celles des montagnes avec une grande beauté et un véritable souci du détail, du cadre et c'est un régal de suivre le cheminement de sa pensée au fil de ces images. Et tant d'autres petites choses, en deux minutes, avec son lot de citations (Lubitsch ou Eisenstein) qui tombent à pic - et jamais à l'eau. Incontournable, une fois de plus.   (Shang - 04/04/08)


47347_backdrop_scale_1280xauto

Oui, voilà un film qui préfigure en quelque sorte les longs monologues solitaires des années 2010. On sent Godard à la fois tout fier de lui et doucement indigné par ce désavoeu des commanditaires de son film sur Lausanne, qui lui ont visiblement retiré le projet : tout fier de lui, comme à son habitude, celle-ci étant de dynamiter les commandes (et Darty, Nike ou France Gall s'en souviennent) ; indigné parce que, oui, on ne l'a pas laissé filer sa belle idée de traiter la ville du point de vue de ses origines, le plus simplement possible, par les couleurs : faire passer l'écran du bleu du lac au vert des arbres, avec un peu du gris des pierres au milieu. Un hommage à sa chère peinture, sûrement, et un pied-de-nez en forme d'intellectualisme primaire à ceux qui auraient sûrement souhaité un film "à la gloire de". Hommage au cinéma (on voit tous les gestes de la projection, du son, du montage, au début), à l'architecture (peut-être en un discret hommage à Rohmer), à la peinture, à la littérature, ce petit film est un très joli moment de poésie, finalement, qui oublie un peu la colère pour livrer quelques plans magnifiques, abstraits, pures projections de formes, pures expressions de rêverie.   (Gols - 03/05/19)

God-Art, le culte : clique

Commentaires
Derniers commentaires