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31 mars 2008

Fantasmes (Gojitmal) de Jang Sun-Woo - 2000

FantasmesOshima semble avoir fait un petit en la personne de ce Jang Sun-Woo mystérieux : comme son aîné, le gars tente de faire son Empire des Sens à lui, en racontant quelques rencontres d'un couple à la recherche du plaisir total. Depuis la première entrevue (en 16 minutes de film, toutes les possibilités d'ouvertures de la jeune fille sont explorées, et on se demande ce qu'on va inventer ensuite) jusqu'à la séparation, on assiste au parcours de ces deux êtres ordinaires, qui vont explorer la souffrance, l'humiliation, voire la scatologie avec un enthousiasme jamais démenti.

Le problème, c'est qu'on a un peu de mal à voir où Jang veut en venir. Au départ, on apprécie : les scènes de cul sont entrecoupées ou interrompues par des incursions du metteur en scène lui-même, dont on entend les "cut" en pleine action. Il y a des interviews de l'actrice Fantasmes2principale, qui a quelques réticences sur les scènes de nudité annoncées ; il y a une voix off de Jang lui-même qui commente le film et précise ce qu'il attend de son scénario. On se dit que ce fantasme sexuel classique (la rencontre de deux êtres qui ne se connaissent pas, et leur abandon dans le pur acte sexuel) va se confondre petit à petit avec celui, beaucoup plus trouble, du cinéate en train de filmer les ébats. Car il est vrai qu'il y a quelque chose d'étrange et de fantasmatique à ordonner à des acteurs de baiser comme des lapins devant le regard de la caméra. Jang charge son film de mises en abîmes plutôt réjouissantes, ralentis hyper-formels, accélérés non moindres, mise en scène très chargée qui ne fait jamais oublier la présence du tiers (le metteur en scène, et donc le cinéma).Fantasmes4

Mais curieusement, il abandonne à mi-parcours cette idée pour se concentrer uniquement sur la "dérive" du couple, de plus en plus exigent quand il s'agit de choisir le prochain instrument de torture qui va les faire jouir (ça va de la baguette au manche à balai en finissant par le manche de houe, bande de sauvages). On ne comprend plus alors ce qu'on est en train de nous dire, si tant est qu'on est toujours en train de nous dire quelque chose. Si Jang a voulu faire de l'humour (ce que semble induire la musique décalée), c'est un peu raté, à moins que le Coréen moyen ne s'esclaffe à voir une nana qui casse des bates de base-ball sur le dos de son amant ; et si c'est simplement de la provoc, à quoi ça sert ? Fantasmes ne va pas assez loin dans le souffre, ou alors va trop loin dans la description d'un amour vicié à l'avance par la recherche effrénée du plaisir. Au final, malgré le bon moment, on se trouve devant un film un peu inutile, qui reste opaque et légèrement malhonnête. Que Jang fasse clairement un film de boules, ce dont il a le droit, ou qu'il nous parle de quelque chose. Tel quel, on est dans un entre-deux un peu pénible.

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