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2 mars 2008

Le Prix d'un Homme (This sporting Life) (1963) de Lindsay Anderson

Cinq ans avant If... Lindsay Anderson signe un film coup de poing que l'on prend en pleine face. Jack Machin (si si c'est son vrai nom, joué par un Richard Harris brandonien à mort, impressionnant de bout en bout - le pauvre finira sa carrière en Professeur Albus Dumbleldore dans Harry Potter, pas de bol) est un type un peu à la dérive. On le découvre dès la première séquence en rugbyman velléitaire qui se prend un taquet énorme dans la face - il y perd quelques dents de devant. Conduit à l'hôpital pour être soigné, la grande première partie du film est en flash-back pour retracer son parcours.

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Il vit en fait chez une logeuse, Mrs Margaret Hammond (Rachel Roberts, également nominée à l'époque pour un Oscar), une veuve avec deux enfants, qui rit quand elle se brûle. Jack va tout faire pour sortir la tête de l'eau, pour gagner sa thune à la sueur de son corps, et tenter de sortir la veuve de sa tristesse infinie. Au départ tout semble fonctionner comme prévu : après un premier match de folie (rarement le rugby a été aussi bien filmé, tant l'on se retrouve dans le feu de l'action), il est rapidement remarqué par le président du club; ce dernier ne tarde pas à le faire signer - Jack demande 1000 livres, ne cédant en rien sur sa demande - et notre Jack de se dévouer pour redonner un semblant de bonheur à la Margaret. Seulement si le bonheur ne s'achète point, lui est pour sa part rapidement traité par le président et sa coquine de femme, une blondasse sans charme, comme quelqu'un que l'on peut posséder. Il se rend compte non seulement qu'il n'est point bon de résister au bon vouloir de la blondasse, qu'il est facile de ne plus être dans les bonnes grâces de ces gens-là, mais en plus, avec la Margaret, il tombe souvent sur un mur. Il s'achète pourtant une caisse pour la sortir avec les enfants, n'est jamais rat sur les petits cadeaux et parvient dans un premier temps presque à la dérider quelque peu. On ne peut pas dire qu'elle se donne complètement à lui, mais il y a progrès. Il commettra tout de même un impair en l'invitant dans un restau super chicos et en se comportant comme le premier des parvenus; il a beau croire qu'il ne l'a pas volé, qu'avec l'argent tout est possible, il subit un retour de baton dans sa vie sportive et sentimentale qui le mettra à bas. Il ne cesse lui-même de répéter qu'il n'est jamais, aux yeux des autres, qu'"un grand singe sur un terrain" et, malheureusement, il faut bien reconnaître que cette image lui colle à la peau.

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Si l'interprétation est de premier ordre, le montage de Lindsay Anderson booste au maximum la chute de cet homme. Ce dernier a beau tenter de se suspendre à une barre dans sa chambre - et vouloir sortir de sa condition -, esquisser des mouvements pugilistiques devant sa glace, plus il se démène et plus c'est lui qui morfle. Comme un effet boomerang. Il faut dire qu'il n'est pas aidé avec cette femme incapable de faire le deuil de son ex-mari. La dispute qui finit par éclater entre eux ferait passer celles de Sur les Quais pour des petites incartades entre amis. Le constat final est bien amer, comme si un homme de sa condition, malgré tous les efforts qu'il fournit, n'avait aucune échappatoire possible. Un film fort, tendu et violent comme un plaquage en pleine course, dont on ressort sonné. Sportif oui.

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