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27 janvier 2008

Les Trois Ages (Three Ages) de Buster Keaton - 1923

10096_1Entrée par la petite porte du grand Buster dans ce blog : Three Ages est son premier long-métrage, et n'est vraiment pas à la hauteur de ses futurs chefs-d'oeuvre. Keaton ne maîtrise pas encore les rythmes du long, et nous sert même trois courts-métrages imbriqués les uns dans les autres, qui déséquilibrent un peu ce film qui a du mal à trouver son homogénéité. L'idée de départ est pourtant plutôt astucieuse : partant du principe que les règles de l'amour sont les mêmes depuis toujours, on nous montre le brave Buster aux prises avec les difficultés d'icelui au cours de trois époques : la Préhistoire, l'Empire romain, et la période contemporaine (partie la plus réussie). Serait-ce une parodie d'Intolérance de Griffith ? En tout cas, le film ressemble bien à une énorme farce, et c'est tout à son honneur.

Même si Three Ages manque de gags purs, il y a des tas de choses rigolotes là-dedans : Keaton chevauchant un dinosaure apprivoisé ou se faisant catapulter pour rejoindre sa belle ; une course de chars qui vire au délire (le gars 18882959_w434_h_q80invente le traîneau, en utilisant un pauvre chat pour faire courir ses chiens, scène qui a dû faire s'évanouir Brigitte Bardot) ; un match de football américain où il est allègrement piétiné... Autant de séquences charmantes, qui, si elles ne sont pas d'une grande inventivité au niveau du rythme, font se gondoler ce qu'il faut. Le jeu de Keaton y est pour beaucoup : toujours aussi "inexpressif", il est assailli par tous ces accidents avec un flegme hilarant. Il se fait quand même assommer par des hommes préhistoriques, emprisonner avec un lion, traîner par un éléphant, écrabouiller par des footballeurs... tout ça avec toujours cet air de ne pas y toucher qui a fait sa gloire. Sa partenaire est nettement moins bien, totalement inexpressive mais dans le mauvais sens du terme cette fois-ci.

Et puis, passage obligé dans les films de Keaton, il y a des scènes d'accrobatie carrément sidérantes. Toute la fin du film, où tout s'enchaîne dans un tourbillon de cassages de gueule et de pirouettes improbables, est bluffante. N'importe qui se serait cassé une douzaine threeagesde jambes ; Buster défie les lois de la pesanteur avec une facilité déconcertante. Le sommet est atteint avec cet enchaînement hyper-rapide, qui démarre en bas d'un immeuble, et finit au même endroit, en passant par une montée d'escaliers à 200 à l'heure, une chute dans le vide, un passage à travers une fenêtre et une glissade le long d'un mât, le tout en quelques secondes. Keaton y devient un pur corps désarticulé et ballotté par le monde extérieur. Il partira pourtant avec sa belle (le suspense n'est pas total non plus), chargeant son personnage d'acrobate d'une poésie discrète et craquante. La toute fin est assez étrange, d'ailleurs : l'homme préhistorique et le Romain terminent avec une ribambelle d'enfants, mais le couple d'aujourd'hui doit se contenter d'un Pékinois...

Bref, pas encore les fulgurances de The General ou de Steamboat Bill Jr, un manque de gags certain, une certaine maladresse de mise en scène... mais un film très plaisant, et une véritable bombe pour ce qui est de l'investissement d'acteur. Immanquable, forcément.

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