LIVRE : Jours Heureux à Die de Henry Miller - 1959
Il ne reste pas grand-chose à publier de ce brave Miller, et on en est forcément contraint à racler les fonds de tiroir à la recherche du trésor. Jours Heureux à Die, lettre que Miller envoyât à un pote français pour sa revue, aurait toute sa place dans une brochure touristique à la gloire du pays, mais en tant que livre c'est un peu court. Bel objet pourtant que publie "La Fosse aux Ours" : couverture à l'ancienne, édition bilingue, intro joyeuse de Léon Azatkhanian. Mais le contenu est beaucoup moins joli. Miller y écrit au fil de la plume, et sans visiblement se relire (il y a des phrases répétées deux fois). Son style solaire y apparaît bien ça et là, par bribes, cette façon bien à lui de s'extasier sur des petites choses, d'exagérer démesurément ce qu'il ressent (en contemplant le paysage, il déclame sur César ou les éléphants d'Hannibal, pas moins), de faire acte d'un bonheur total face à la vie. C'est très vivant, solaire, parfois justement émouvant grâce à ce mépris des règles, à cette façon simple d'aborder l'écriture. Mais c'est aussi bâclé et paresseux. Ce minuscule opus est à conseiller, en fait, soit à ceux qui veulent découvrir ce génie (texte ramassé, simple, et symptomatique du "toujours vif et joyeux" Miller), soit aux collectionneurs obsédés (que je suis). Sinon, c'est très oubliable.
Allez, juste pour le plaisir, une de ces petites choses naïves que j'aime chez HM : "Je me suis arrêté, et j'ai savouré vos fruits. Mais voilà, je n'ai pas de mondes à conquérir, j'ai seulement des yeux pour voir et un coeur pour vibrer à l'unisson de tout ce qui est beau et bon. Lâchez les colombes, non les aigles !"