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4 janvier 2008

LIVRE : Lambeaux de Charles Juliet - 1995

Sans_titreA priori, tout pour me déplaire : le portrait de deux femmes prises dans la tourmente des atavismes et du qu'en dira-t-on, doublé de la chronique d'une enfance abandonnée dans les années 50... On imagine le carnage qu'en aurait fait un Pennac, et on tremble devant le danger. Seulement, au fur et à mesure de la lecture, on découvre un texte assez aride, nerveux, évitant soigneusement les pièges du "doux-amer" et de la nostalgie à deux balles. L'écriture de Juliet, malgré un parti pris un peu handicapant à la longue (l'usage de la deuxième personne du singulier a déjà fait ses preuves, et ne donne pas grand-chose), est très belle dans sa simplicité, dans se rythmes rapides, dans ce mouvement d'ensemble et cette construction subtils. Partagé en deux parties à peu près égales, le livre semble entièrement dirigé vers le "climax" du milieu, cette phrase glaçante et courte qui structure le récit comme la pierre de touche d'une cathédrale. Je ne vais pas vous la recopier, pour pas casser l'ambiance que je sens printanière, mais croyez-moi sur parole. Cette tension permanente, malgré l'allanguissement des descriptions, malgré la texture même du récit qui ménage la belle part aux ennuis ruraux et à la médiocrité des petites vies, est d'un effet sidérant, et on ressort de Lambeaux avec l'impression d'une grande violence. Il faut dire que la vision de la vie est assez terrible : entre la première femme (la mère naturelle de Juliet), complètement anéantie par la médiocrité de l'existence et l'étouffement de ses ambitions, et la seconde (sa mère adoptive), disparue sous les coups du destin, Juliet brosse le portrait d'une vie sans sève, pleine de douleurs et de renoncements. Vivre dans le milieu paysan des années 40 ne devait pas être totalement festif, visiblement. Le gars en profite pour tracer très joliment le parcours de sa propre vocation d'écrivain, mettant en valeur l'effort et l'inlassable discipline qu'il lui a fallu pour trouver sa voie au milieu de ce destin ardu. Ca donne lieu à quelques très beaux passages sur l'écriture. Lambeaux est un livre subtil et poignant, que je vous conseille si vous déchirez le quatrième de couverture complètement à côté de la plaque édité par Folio.

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