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2 décembre 2007

Règlement de Comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral) de John Sturges - 1957

18826687_w434_h_q80On est là dans un clacissisme de la plus belle eau, et il est inutile de chercher dans la filmographie du précieux John Sturges un quelconque démarquage par rapport aux sacro-saintes lois du western. Le gars est un artisan, qui ne se place jamais devant ses acteurs, qui filme avec la plus grande honnêteté possible des divertissements, et c'est ce qui le rend attachant : son amour du spectacle, sa fascination pour le classicisme, la modestie de son travail. Gunfight at the O.K. Corral est de ce fait un enchantement de gamin ; on est tout ému de constater que les bonnes vieilles règles esthétiques et scénaristiques donnent toujours, quand elles sont comprises avec un tel respect, de bien jolis films.

Tout est présent de ce qui fait la panoplie du western à l'ancienne : soleil qui tape, petite ville tranquille envahie par de vilains bandits, femmes légères, trahisons, fraternité, vengeance, duel final, fusillade, etc. Et ça fait du bien d'être dans ses pantoufles. Incroyable de voir que malgré les chemins tout tracés empruntés par Sturges, on se passionne pour cette histoire, on s'attache aux héros, on frémit devant le destin de chacun. Il faut dire qu'avec Lancaster et Douglas, on a du beau monde sous les chapeaux, d'autant que le scénario ménage à ces personnages une épaisseur biographique parfaite : ils ne sont pas que des 18826684_w434_h_q80archétypes, l'un du justicier vertueux, l'autre du tricheur au grand coeur ; Sturges les dessine avec une grande intelligence, les chargeant chacun de petits détails qui les rendent profondément humains : Lancaster sera par exemple attiré par une "gambler" fatale, Douglas se verra précédé par une réputation de tueur nullement méritée (juste un manque de chance). Petits détails, mais qui font sortir Gunfight at the O.K. Corral de la légende pure (c'est  l'histoire des fameux Wyatt Earp et Doc Holliday) pour rendre le drame plus chaleureux. Le scénario est d'ailleurs très riche, prenant le temps de développer mille petites intrigues au sein de la grande : le destin fatal d'un jeunot entraîné vers le meurtre par ses frères (Dennis Hopper), les relations turbulentes entre Doc Holliday et une gourgandine au coeur pur, ou le portrait touchant de la famille de Earp... Le film est très riche, et ne se contente pas de dérouler les évènements jusqu'à la fusillade finale. Sturges emprunte des chemins de traverse, s'attache à ses personnages. Et c'est d'ailleurs dans la camaraderie sans nuage entre les deux héros que le film devient vraiment formidable, plus que dans sa trame de western classique.

Douglas et Lancaster, parfaits, nouent effectivement une relation d'admiration réciproque, de respect viril, 18826686_w434_h_q80d'attirance mignonette (ça frôle l'homosexualité parfois, notamment quand Lancaster, abandonnée par sa dulcinée, se voit rejoint par un Douglas tout en lumière, prêt à faire 1000 kilomètres pour rester avec lui), que ne vient entacher aucun nuage. Originale façon de montrer les cow-boys, d'ordinaire austères et mutiques : ici, ils sont bavards, "gentils", et fraternels.

Le tout est bien sûr filmé discrètement mais puissamment, dans une photo magnifique d'académisme (que ne rendent pas du tout les pauvres photos ci-contre), une musique au taquet ("Okaaaaaaaaayy Corroooooollll") de Tiomkin, et une élégance toute modeste qui réchauffe le coeur. Classique, sans aucun doute.

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