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19 novembre 2007

Le Garde du Corps (Yojimbo) d'Akira Kurosawa - 1961

yojimbo2

Parfois AK se laisse aller au simple plaisir du film d'actions, sans enjeu social ou philosophique, et le fait est que le bougre réussit aussi bien dans ce genre que dans l'autre. Yojimbo est un pur plaisir de spectateur. C'est un film strictement privé d'ambitions autres que le spectacle, et celui-ci fonctionne à mort. Les ruses raffinées du mercenaire Sanjuro au sein du chaos de la petite ville livrée à une lutte entre deux clans sont pleines d'humour et d'intelligence, et la jouissance vient de ce qu'il est toujours légèrement en avance sur nous, laissant son intelligence agir face à la bêtise de ses adversaires. On bondit de joie à chacun des pièges qu'il tend aux crétins, notre petit coeur fleur bleue vibre devant le final désintéresement de ses motivations (il s'en tire finalement sans un sou, mais ayant sauvé toute une famille ainsi que ses poteaux le tavernier et le croque-mort), et on est prêt à s'initier au maniement du sabre pour peu qu'on atteigne un tout petit peu de la classe du grand Mifune, impeccable et rigolo comme tout.

yojimbo_ladder400

Il est eastwoodien à mort, impérial au milieu du bruit et de la fureur, seul représentant de l'intelligence et de l'esprit parmi l'hystérie ambiante. Que ce soit face à un géant armé d'un marteau à la Tex Avery ou à un bandit torve possesseur d'un flingue, il ne perd jamais son sang-froid et son ironie mordante, et il atteint une élégance totale. Les plans sont nombreux où il se place en simple observateur des mouvements de ses ennemis (il est beaucoup question de regard, de pauses, d'observation dans ce film), témoin actif qui n'a plus besoin que d'un simple geste, d'un simple mot, pour manipuler tout son petit monde sans mal. A côté de ces scènes d'intérieur, faites de lattes de bois qui se soulèvent, de champs/contre-champs tournant autour du pivot-Mifune, et de profondeur de plans, les scènes de rue, très simples et solaires, sont magnifiques, inspirées bien sûr du western le plus épuré, l'école High Noon si on veut. Yojimbo se termine sur un beau discours humaniste sur le triomphe de l'esprit et la prise de position morale contre le simple regard-témoin, mais il vaut surtout pour son humour constant et le grand raffinement de sa mise en scène. C'est beau, complexe dans la forme mais simple dans son traitement, entièrement dévoué au plaisir du spectateur, rien à dire, c'est la classe.

yojimbo

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