Je dois être bien luné ce soir, car j'ai trouvé charmant ce petit film, qui ne s'élève pas beaucoup plus haut qu'un téléfilm au niveau de la mise en scène, mais qui contient assez de fantaisie pour agrémenter joliment ce dimanche soir glacial. Mon petit Doigt m'a dit est un bien curieux mélange de comédie d'acteurs, de polar british, de BD à la Spirou, avec même une réjouissante pointe de fantastique gothique, voire de décalage surréaliste. Longtemps que je ne m'intéresse plus à Catherine Frot, et j'ai peut-être tort, tant elle convainc dans son personnage d'enquêtrice à la Rouletabille, et tant elle insuffle à l'ensemble une originalité de ton très rigolote. Son duo avec Dussollier fonctionne très bien, et son personnage touche parfois franchement à la poésie pure, notamment dans ses attirances pour le mystère et le morbide, et dans sa haine
assumée pour sa famille (elle fuit la maison dès que sa fille vient lui rendre visite, et oublie le nom de ses petits-enfants). Des pointes de poésie, il y en a d'ailleurs à la pelle, Thomas s'amusant à truffer son enquête de digressions au huitième degré (toute la partie "militaire" endossée par Dussollier, et les portraits chabroliens des villageois). Le film prend doucement une tournure inquiétante grâce à une Genviève Bujold impressionnante, et on suit le déroulement de cette complexe histoire de meurtres d'enfants avec intérêt. Bon, on ne hurlera pas au génie, Thomas n'est pas toujours convaincant quand il se pique de faire dans l'humour de jeu de mots, et sa mise en scène est un
peu plate. Mais il y a là-dedans un charme surranné, qui pourrait bien être celui que cherche désespérément Podalydès, et que Thomas trouve ici avec une certaine grâce : décors, photos, musique, acteurs, trame, fantaisie, tout est là pour rehausser un peu le niveau de la comédie française, et on ne s'en plaindra pas. Il y a même des seconds rôles inattendus : Kaprisky, Maurice Risch, Terzieff, Lescure (!), toutes personnes que je croyais mortes depuis longtemps. En-dehors de toute mode, entraînant et joyeux, Mon petit Doigt m'a dit ressemble à un de ces films de Noël qu'on regarde avec bienveillance.
18 novembre 2007
Mon petit Doigt m'a dit de Pascal Thomas - 2005
Commentaires sur Mon petit Doigt m'a dit de Pascal Thomas - 2005
- ConcessionAh c'est bien mon souci (frôlant le snobisme, je le reconnais) : savoir que nous sommes des centaines de milliers à regarder la même chose au même moment. C'est l'ambiguité gênante de cette télévision que je n'allume jamais.
Mais bon, pour une fois... oui, ce film est très joli. Et m'a permis d'apprendre un nouveau mot (farfelotterie), ce qui n'est pas dommage.
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Un bon petit film pour un froid dimanche soir !