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10 novembre 2007

LIVRE : La joyeuse Bande d'Atzavara (Los alegres muchados de Atzavara) de Manuel Vasquez Montalban

51NV01GB19LNous voilou en 1974 en Espagne, un an avant que le Franco meurt, mais l’on sent déjà les premières fissures, les premières vélleités d’émancipation dans cette classe bourgeoise catalane qui s’en donne à cœur joie dans leur résidence secondaire. Montalban nous propose un récit à quatre voix, - l’invité de dernière minute, de la classe ouvrière, qui regarde tout ce petit monde avec un regard éberlué, une bourgeoise mal mariée en recherche d’indépendance et de plaisirs d’une nuit, l’écrivain à demi raté qui garde un œil sarcastique sur l’ensemble et enfin, la vieille fille quadra qui a du mal à se poser : « Nous appartenions à une génération, peut-être la première, qui refusait de voir dans la vieillesse une fatalité physique et s’inventait une éternelle jeunesse d’esprit en recourant à toute l’expressivité de la jeunesse, depuis l’habillement jusqu’aux gesticulations ». Entre affichage publique de son homosexualité, beuveries qui finissent en partouzes, frustrations, désirs et plaisirs coupables, cette « joyeuse » bande semble avoir du mal à vraiment savoir où elle va, ce qu’elle recherche. « Cet été-là était chargé de présages de changement qui pesaient sur nos existences, et la sensation qu’allait se précisant une réalité hypocritement occulte, ou bien que se produirait un inquiétant bouleversement, modifiait forcément notre comportement » : comme un papillon qui hésite à sortir de sa chrysalide, cette société soi-disant émancipée a du mal à s’assumer complètement : chacun s’essaie à différentes expériences sans qu’uncertain moralisme ne soit jamais absent de leur pensée. Temps intermédiaire, temps de mutation, où il est difficile de trouver ses repères. Montalban réussit parfaitement, au niveau du style, à nous faire croire à l’idiosyncrasie de chacun, à donner à chacun de ses personnages une réelle densité : chacun des regards sur les « micro »-événements de cet été diffère très sensiblement, trahissant la nervosité, les failles et les troubles de cette petite colonie. Bien bien.

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