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2 novembre 2007

Elmer Gantry (1960) de Richard Brooks

18772061Burt Lancaster s'en donne à cœur joie dans ce rôle de prêcheur beau parleur capable de te vendre ses chaussettes, sa mère et Dieu, en un lot unique. Sourire carnivore, animal férocement magnétique dès qu'il se retrouve devant une foule, il est prêt à tout pour plaire et surtout à se faire aimer par la calme et fébrile Jean Simmons. Très bonne alchimie dans ce couple capable de séduire des fidèles par centaines, l'une par son côté pur et diaphane, l'autre par sa roublardise et un débit qui fait penser à celui d'un tonneau à bière pendant l'Oktober fest. Picoleur et homme à femmes, Burt va tout faire pour donner l'impression à Jean de se ranger et gagner son pitit coeur... tout marche comme sur des roulettes jusqu'à ce que son passé le rattrape sous la forme d'une petite poulette: la séquence où celle-ci va l'attirer dans son alcôve pour le faire chanter (un prêcheur se doit d'avoir une certaine morale et se faire prendre en photo dans les bras d'une prostituée, ça ne marque pas des points) a beau être cent fois vue, elle possède un équilibre parfait: si la poule a encore dans les yeux plein d'amour pour cet homme, elle sait que le traquenard qu'elle lui tend va le détruire; quant à lui, tout entier dans son nouveau départ dans la vie, il ne peut s'empêcher un dernier baiser fatal pour mettre fin à son passé.

Le prêcheur subira un grave revers puis retombera sur ses pieds jusqu'à18772063 cette séquence ultime sous chapiteau où l'on passe en quelques secondes du miracle divin (la Jean soigne un sourd par imposition des mains) à l'enfer (une cigarette met le feu à la structure - Carrie n'est pas loin...). Ce retournement de situation est à l'image du film où il ne faut jamais se fier aux apparences, où tout peut basculer en un clin d'oeil: la personnalité de façade d'Elmer, qui se joue de tous avec un brio dévastateur, peut malgré tout révéler un personnage plus honnête qu'il en a l'air; les personnes qui se donnent de grands airs sont en comparaison souvent les plus fourbes, trompant leur monde quand elles ne se trompent pas elles-mêmes - la fin tragique de Jean en est un bel exemple: elle apparaît au final comme la victime de sa propre illusion, quand Elmer Gantry, grand illusionniste du verbe, avait l'élégance de ne jamais se faire trop d'illusion... sur les gens, sur lui-même. Un récit au déroulement et à la toile de fond relativement originaux - adapté du roman de Sinclair Lewis (les mouvements catho du "renouveau" aux US) - porté par deux excellents acteurs.   

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