Les Rois de la Glisse (Surf's up) de Ash Brannon et Chris Buck - 2007

Ouais, j'ai bien conscience qu'après un Guy Debord, je suis un peu léger. Mais bon, vous avez pas non plus forcément un neveu à occuper comme moi, et par ailleurs je vous prie d'admirer mon honnêteté, j'aurais pu faire semblant de pas l'avoir vu... Eh ben oui, j'ai vu Surf's up, ça vous pose un problème ? Non, parce qu'à moi, ça en pose un : j'ai l'impression d'avoir pénétré dans l'antre du divertissement pop-corn le plus sordide et le plus marchand. Difficile de se faire une opinion sur un film au milieu de cette odeur de sucrerie prenante, des cris de 11400 enfants (oui, parce que je suis allé au multiplexe, s'il faut tomber autant tomber bas), quand on vient de te racketter de 8 euros et 50 cents pour toi et de 6 euros et 50 cents pour la minuscule tête blonde de 11 livres que tu emmènes avec toi, et sous un panneau indiquant : "Attention, film dans 2 minutes ... 1 minute.... film immédiat... salle 3 : interséance"... J'en tremble encore.

Ceci dit, le film. Ah oui, eh ben c'est de la merde. Non pas de la merde douteuse, comme Cars par exemple, au discours nauséabond ; non non de la merde franche, qui ne fait même pas d'effort pour paraître agréable, un long, très long moment d'ennui et de laideur insigne, sans rythme, sans gag, sans joie, sans même le minimum de rigolo qu'on est en droit d'attendre d'un film pour les minots. Le film est curieusement sous-exposé sur toute sa durée, si bien qu'on a l'impression qu'une des lampes de l'appareil de projection a pété. Dans cette pénombre inexpliquée, on distingue des pingouins qui veulent devenir champions de surf, des euh... castors (?), rats (?) qui parlent avec un accent italien, et des poulets qui se droguent. L'histoire n'en est pas une, et je doute que nos charmants bambins aient compris quoi que ce soit à cette trame complètement relachée. Pour finir, je note que les dessins animés actuels enregistrent très roublardement les nouveaux goûts des enfants : Surf's up prend comme appui un reportage télé speedé à la M6, et a l'esthétique des jeux de Playstation, surtout dans les scènes de surf. C'est naze, moche, creux, con, triste et pesant comme une horloge suisse. Rendez-nous Debord, c'est plus fun.