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23 octobre 2007

Le Général della Rovere (Il Generale della Rovere) (1959) de Roberto Rossellini

aff_il_generaleVittorio De Sica, qui se fait passer pour un certain colonel Grimaldi, est prêt à tout pour satisfaire son vice du jeu. Il profite de l'occupation pour soutirer de l'argent aux gens qui ont une de leurs relations en prison, le jouer, et si jamais il reste de l'argent, corrompre un sous-off allemand pour qu'il n'envoie pas le prisonnier en Allemagne. Seulement un autre officier allemand ne tarde pas à lire dans son jeu et à lui proposer un étrange marché: le tribunal militaire ou se faire passer pour le grand général Della Rovere, résistant italien. Ce dernier a été assassiné froidement lors d'un contrôle de police et ne peut donc plus servir de monnaie d'échange. L'officier veut, dans un premier temps, se servir de ce faux(-jeton) pour tenter de récupérer un de leurs hommes, prisonnier des résistants. Dans un second temps, il cherche à se servir de ce "remplaçant" pour démasquer au sein de la prison le grand chef de la résistance qui s'y trouve incognito. 

Le joueur joué joue un rôle pour sauver sa peau. Grimaldi, la cinquantaine charmante, joue de son charme grisonnant pour se jouer de la naïveté des petites gens dans la détresse. Implacablement etgenerale_rovere_prison sans aucun cas de conscience, il passe sa vie (ainsi toutes les séquences où il essaie de refourguer un faux bijou) à tenter égoïstement de satisfaire son désir insatiable du jeu. Seulement, à ce petit jeu, il finit par se faire piéger et lorsqu'il se retrouve à son tour entre quatre murs, un frisson lui passe sur l'échine: découvrant le nom et le dernier message de résistants qui se sont sacrifiés pour leur pays, il ne prend pas réellement encore conscience de sa vacuité et de sa putasserie: il réalise simplement que tout ceci n'est pas un jeu et qu'à son tour il risque peut-être d'y passer. L'officier allemand lui offre un petit pactole et la liberté en échange donc du nom de l'homme et là encore, notre triste héros semble, après peu d'hésitations, être prêt à donner satisfaction.  De Sica joue cet homme avec un naturel confondant, sans fioriture et apporte une crédibilité évidente à cet homme qui joue de son apparence bonhomme. Rossellini suit son personnage pas à pas durant deux heures et quelques, sur un rythme relativement calme, jusqu'à ce que cette petite mécanique, cette bombe à retardement explosent, notre homme finissant par se retourner comme une crèpe.

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Tout le film semble tendre vers cette ultime séquence, ce moment de vérité dans l'anti-chambre de la mort, une situation qui n'est pas sans rappeler celle de L'Armée des Ombres de Melville. 20 hommes prisonniers -dont notre faux-général et le chef de la Résistance - passent la nuit ensemble dans une cellule. Ils se demandent ce qu'il va advenir d'eux, la majorité semblant s'attendre à ce qu'on les déporte en Allemagne pour aller travailler. Lorsqu'il semble certain qu'ils vont être exécutés, un homme craque, se jette sur les barreaux de sa cage et crie que, lui, il n'a rien fait. Au Juif qui lui répond "Moi, non plus", il lui lance cette répartie lourde de sens "Ben si quand même, tu es Juif"... Aïe. Un homme alors de s'avancer vers lui, le fameux chef de la résistance qui lui dit que justement, il n'a rien fait pendant ces 5 années de guerre et que s'ils se retrouvent aujourd'hui tous ici c'est peut-être aussi en raison d'hommes comme lui. Réplique cinglante qui sonne comme un électro-choc sur notre De Sica. Ce dernier prend enfin conscience qu'il n'a jamais agi que dans son intérêt et que même il était prêt à collaborer avec l'ennemi. Lorsque l'officier lui demande de lui livrer le nom de l'homme à la sortie de la cellule, alors que 10 des hommes sont amenés au peloton d'exécution, il fait soudainement volte-face, écrit un message hallucinant à sa (fausse) femme et de se diriger à son tour dignement vers le peloton où il est abattu sur le champ. Cet ultime geste sonne presque comme un rachat chez ce personnage qui a passé sa vie à se vendre. Bien amené et bien joué, dans tous les sens du terme.

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