Pluie de Lumière sur Montagne Vide / Raining in the mountain (Kong shan ling yu) (1978) de King Hu
J'avoue être un peu surpris d'un côté par certaines critiques ultra-sérieuses (Cahiers, Libé, Télérama... dans les bonus, ça m'apprendra de m'y attarder...) et d'un autre côté par la faiblesse du scénario et du manque de profondeur des personnages. Tous nos critiques estampillés fans de la Chine millénaire noient cela sous sous une pluie de louanges bouddhiques quand résolument j'ai vu pour ma part beaucoup de vide. Que King Hu soit un demi-dieu dans la gestion des mouvements -les séquences -surtout les premières - à jouer au chat et à la souris dans le temple, quasi-muettes, augurent du meilleur- mais au bout d'un moment c'est bien gentil mais on tourne un peu à... vide (cela constitue bien les 3/4 du film quand même...). Le sage, la voleuse, le chef de la police, le gouverneur, tout le monde court après ce manuscrit et si toute cette agitation pour un bout de papier traduit l'absence de sens de leur vie, je veux bien, mais Beckett fait ça tout aussi bien en laissant son héros, immobile, les mains dans les poches - oui je suis de mauvaise de foi certes. Oh il y a bien de très joulies couleurs jaune, rouge, orange, bleu et des sauts dans les airs avec des cascadeurs qui font les malins dans les airs mais qui ont dû se péter un bon paquets de chevilles à la réception; les décors à l'extérieur sont d'une certaine magnificence et on se met presque à regretter que l'action se passe un peu trop dans le temple devant les couleurs automnales de la forêt mais enfin... c'est un peu court. Les trois moines qui postulent pour devenir le prochain moine in chief vont chacun chercher un seau d'eau et leur façon de s'y prendre est sensée éclairer sur leur caractère - pourquoi pas, mais cette métaphore est un peu claire comme de l'eau de roche, les trois ayant déjà montré leur limite. Le "coup de théâtre" qui consiste à choisir une quatrième personne, le moine-forçat, est téléphoné terrible. Et je ne parle pas d'une musique à grands coups de cloches, tambours, baguettes sur bol de riz creux, omniprésente et à force pompière. S'il y a une scène à sauver (oui, j'abuse un poil mais je suis colère), c'est celle où les moines prient en laissant vaquer leur regard sur les femmes qui se baignent dans la rivière; malheureusement King Hu n'effleure qu'à peine tout l'érotisme de cette scène et on comprend les moines qui se remettent à prier devant ses allumeuses trop prudes. Déçu, quoi, comme moi, c'est tout.