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Shangols
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1 octobre 2007

Gosford Park de Robert Altman - 2001

2Une nouvelle fois, on a affaire à de la très grande classe de la part de Bobby, un de ces films qui ne se la jouent pas avec de grands airs, mais dont on se rend bien compte qu'il a dû falloir une maîtrise impressionnante pour arriver à faire tenir ça debout. Comme dans la plupart des films "choraux" du gars, Gosford Park repose sur la profusion de personnages, leurs rapports, leurs liens. Ici, c'est une grande demeure anglaise qui est le lieu d'une réception huppée ; une vingtaine de personnages se croisent et se heurtent, du gratin (stars de cinéma, propriétaires, héritiers, nouveaux riches) au bas du panier (les majordomes, valets et cuisiniers). Altman fait sans rougir un quasi-remake de La Règle du Jeu, en faisant jouer la porosité entre les deux mondes, l'absence finalement de différences entre les petitesses du prolo et celles du milliardaire. On a même droit à un valet qui n'en est pas un, et ça fricotte pas mal entre les classes.

04Comme chez Renoir, les actes et les paroles de chacun mettent en lumière la vanité de l'Humanité dans son entier. Comme chez Renoir, c'est un tourbillon (certes ici moins hystérique que dans La Règle du Jeu) de mots, un ballet de formes. Comme chez renoir, la partie de chasse, véritable boucherie filmée presque à l'identique, est le sommet de la pyramide, la scène qui va faire basculer l'ensemble de cette société dans le gouffre. C'est miraculeux de constater comment tout cela tient, chaque personnage étant fouillé, intéressant, chaque caractère ayant un lien avec les autres, chaque sous-intrigue prenant sa place. Aucun acteur n'est oublié en route, tous ont leur place sans jamais que ça vire au numéro. La virtuosité d'Altman en ce qui concerne la géographie de son lieu (sublimes décors à l'ancienne qui rappellent, par leur côté sombre, The Dead de Huston) est bluffante, d'autant qu'il organise à l'intérieur d'icelui des mouvements d'acteurs, et donc de caméra, qui ne nous perdent jamais. C'est de la très grande gosf3classe, une élégance discrète et un humour jovial qui prennent des airs de facilité.

Dommage qu'Altman ne se contente pas de son portrait d'une société, et qu'il ait des envies d'intrigues policières. Le meurtre central est inutile pour développer les relations de ses personnages, et la résolution de l'énigme est peu passionnante. Tant pis : oublions le côté Mystère de la Chambre Jaune de la chose, gardons son côté brillantissime pour ce qui est de l'attaque sociale. Gosford Park est grand.

Commentaires
J
"Le plus discret des grands cinéastes", j'acquiesce et ce d'autant plus que j'ai ré-exhumé le dvd hier soir et le revisionnai dans la foulée. Brillant en effet, virtuose, un art presque oublié, non ? Qui se risque encore à faire ainsi dans le "choral" avec une telle insolente élégance, à faire virevolter caméra, acteurs, textes ? Chorégraphe le gars Altman. Styliste stylé. Je reverrais bien du coup, son totalement oublié "Nashville".
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P
je ne suis pas tout à fait d'accord sur la fin de votre commentaire sur "Gosford park". Bien sûr l'intrigue policière est avant tout destinée à mettre en valeur les relations de cette société décrite par Altman. Mais c'est presque dire que "la règle du jeu" serait meilleur sans les intrigues amoureuses entre les personnages. Il me semble que, autant "la règle du jeu" est un hommage à la comédie de Musset ou Marivaux, au théâtre français qui rend la légèreté et l'inconstance presque grave, autant "gosford park" est un hommage d'Altman aux romans par exemple d'Agatha Christie dont on retrouve l'esprit et l'atmosphère dans le film. Ce sont aussi deux genres de littérature habituellement dévalorisés, que Renoir et Altman réinterprètent et transfigurent. Qu'en pensez-vous?<br /> Merci pour cette critique, avec laquelle, à ce détail près, je suis totalement en accord.
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D
j'aime the player. Pour les autres, je n'ai vu que Short cuts qui m'a profondément ennuyée (voir un de mes premiers billets de mon blog du 25/01/07) J'avais tellement mieux aimé les nouvelles de Raymond Carver. Prêt-à-porter et les autres, je n'ai pas vu.
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G
Mais you're welcome, dasora. Un bien bon Altman, effectivement, comme je l'ai si puissamment exprimé dans mon chtit texte. As-tu vu ses autres films "choraux" (The Player, Short Cuts, Pret-à-porter, A Prairie Home Companion et tutti quanti) ? Eux aussi sont assez brillants dans l'attention aux personnages multiples. Mais j'aime Altman de toute façon, le plus discret des grands cinéastes.
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D
de parler de ce film d'Altman qui très bien placé dans mon panthéon personnel. J'ai été bluffée par la maestria avec laquelle aucun des (nombreux) personnages n'est laissé de côté. C'est drôle, fin et so british avec une mention particulière à Helen Mirren et à l'impayable, génialissime Maggie Smith.
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