A.K. (1985) de Chris Marker

Reportage du sieur Marker sur le "sensei" Kurosawa - désigné par les lettres A.K. qui apparaissent (mystérieusement?) sur un pan de mur dans Stalker de Tarkovski - les grands esprits se rencontrent... Le Sensei est donc sur le tournage de Ran et Marker découpe son docu en plusieurs chapitres, insistant sur les éléments naturels - la pluie, le brouillard, le feu... -  et en soulignant également plusieurs points comme la fidélité de son équipe ou la vitesse d'exécution lors des mises en place des figurants et du matos technique. Le tournage a lieu sur une terre volcanique avec le mont Fuji en toile de fond; constamment perturbé par les conditions climatiques, le tournage parvient à avancer en tirant profit des trous dans le brouillard. Si le Sensei apparaît souvent de marbre sur sa chaise c'est qu'il semble qu'un battement de sourcil suffise pour que ses collaborateurs sachent ce qu'il attend. Il y a bien sûr quelques anecdotes impossibles comme cette journée de tournage de 12 h passée en grande partie à peindre un champs couleur or, avec une lune en perspective dessinée par Kurosawa - tout cela pour aboutir à un plan de nuit de quelques secondes coupé finalement au montage (mouais finalement po une bonne idée). Intéressant de voir également le compositeur venir un jour sur le tournage pour s'inspirer de ces deux tours plantées dans le décor. Ce qui impressionne peut-être le plus au final c'est cette dynamique constante donnée par ce jeune homme de 75 ans, trapu et attentif au moindre détail, aussi bien avant qu'après le mot "action": comme si le mouvement était véritablement à la base de tout le cinéma du Sensei. Voir un vrai créateur au travail, c'est ma foi ben fascinant.

Chris Marker, l'intégrale : cliquez ; et le sommaire Kuro est là