Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 septembre 2007

12h08 à l'Est de Bucarest (A fost sau n-a fost?) (2006) de Corneliu Porumboiu

Avant la Palme d'or, les Roumains avaient raflé la Caméra d'or avec ce petit film qui est un bijou de causticité (c'est ce qui s'appelle la communion d'esprit avec mon co-blogueur car j'ai vu le film hier soir) . Le Roumain est un grand caustique, qu'on se le dise, qui manie l'auto-dérision et un certain sens de la critique voire de la complainte avec un certain brio (d'où sûrement une communauté de pensées avec les Français, si je peux me permettre).

h_9_ill_777049_estdebucarest

Après un début un poil poussif - on suit différents personnages dans leur quotidien (qui de se réveiller avec la gueule de bois et de se faire tancer par sa femme, qui de se faire materner par sa mère, qui de se voir choisi pour faire le Père-Noël), on se dit que comme dans un film de Haneke, ils vont bien finir par se rejoindre: à la moitié du film, bingo, voilà nos trois caractères principaux réunis dans un studio de télé minable pour une émission de télé minable - et le film de véritablement a_fost_sau_nus'enclencher; le débat s'annonce passionnant (...): y'a t-il eu ou non une révolution (c'est d'ailleurs le titre roumain du film, ne me remerciez pas, je suis multilingue) dans cette petite ville il y a 16 ans de cela ? - décembre 1989 Ceausecu et sa femme, mais oui, vous aussi vous y étiez. Cela semble rien mais le présentateur veut savoir précisément si les manifs ont commencé une fois notre dictateur parti en hélico (soit précisément à 12h08) ou si elles ont précédé son départ - au quel cas, oui c'est une révolution... sinon, que dalle. Notre sympathique poivrot qui prend la parole déclare derechef que dès 10h30 ce matin-là, avec d'autres de ses collègues, ils ont commencé par forcer les portes de la Mairie. Comme automatiquement, une foule de personnes qu'il cite nommément et d'autres quidam interviennent au téléphone pour le contredire, cela tourne vite à la panade générale. Sa déconfiture est rapidement évidente et son air dépité traduit le sentiment de tout un peuple qui aurait pu être héroïque, qui aurait pu changer en profondeur les choses alors que la Roumanie d'aujourd'hui ne semble être guère différente de celle d'hier, en tout cas pour les gens "d'en bas". Rien n'est venu rompre le déroulement des choses, ce que les lampadaires qui s'éteignent et qui s'allument au début et à la fin du film il-lustrent parfaitement (jeu de mot, 10 lettres). L'atmosphère, si elle est tendue, reste quand même baignée d'un humour très à froid, entre le présentateur qui cite des philiosophes grecs à tout bout de champ (et sans rapport avec la choucroute), le vieux grincheux qui fait des bateaux en papier à l'antenne et qui préfère raconter sa vie comme si c'était cela le plus important (et pour lui ça l'est forcément) et l'alcoolo dont la mauvaise foi est évidente et qui s'enfonce peu à peu dans son mensonge pathétique. Grinçant pourrait-on dire comme le rire jaune du père Ceausecu.

Commentaires
Derniers commentaires