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20 septembre 2007

LIVRE : La Ballade du Café triste de Carson McCullers - 1951

Sans_titreLe titre à lui seul, très beau vous l'avouerez, résume le livre : les sept nouvelles de ce recueil sont aussi tristes que subtiles. On n'est certes pas dans la littérature "qui se voit", la discrétion et la finesse étant les apanages de la ch'tite Carson. C'est ce qui déçoit un peu dans les moins bons textes ("Wunderkind", "Le Jockey") qui, à force de jouer sur l'effacement (du style, de la trame) finissent par devenir un poil transparents, désincarnés. Mais dans la plupart des autres, cette subtilité de construction, alliée à un sens du non-dit et à un humour très en douceur, fait mouche. On se croirait parfois dans une précurseuse de Raymond Carver, tant ces nouvelles ne décrivent rien d'autre qu'une minuscule tranche de vie banale : a priori, rien d'extraordinaire dans les faits ; mais c'est la magie du style, qui sait mettre le focus sur tel petit détail, sur telle phrase, qui fait la beauté et la profondeur des textes. A l'image de "Celui qui passe", simple description d'une cellule familiale déjà rongée par la trivialité des choses avant même que ses protagonistes ne s'en rendent réellement compte : il n'y a rien là-dedans, et pourtant la tristesse y jaillit sans qu'on sache mettre le doigt sur l'endroit douloureux. La douleur est diffuse et lancinante.

Quant à la plus longue nouvelle ("La Ballade du Café triste", donc), c'est un pur bijou d'élégance, où tous les types d'écriture de McCullers ne cessent de jouer les uns par rapport aux autres. Telle situation loufoque vient brusquement heurter la tragédie la plus poignante, tel personnage clownesque (magnifique nain hautain) vient affronter telle figure tragique. Même dans les épisodes extravagants (une femme fragile qui s'entraîne à la boxe pour piler son bagnard de mari) sourd une mélancolie inqualifiable. On sent là-dessous un vrai caractère, une vraie nécessité d'écrire, qui viennent démentir l'a-priori innocent de l'ensemble. Que ne suis-je né en 1917 en Géorgie pour pouvoir serrer Carson dans mes bras...

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