Une journée d'Andrei Arsenevitch -collection "cinéma, de notre temps"- (2000) de Chris Marker

"Mon but est de placer le cinéma sur le même plan que les autres arts". Mission réussie, ami russe.

Un petit doc sur Tarkovski alors que la pluie fait rage, ça fait toujours du bien. D'autant que Marker commence l'analyse de son oeuvre en évoquant les multiples références aux quatre éléments dans l'oeuvre du maître; rien de mieux pour illustrer cet aspect que de revenir sur le tournage du Sacrifice et sur ce plan-séquence de 6 minutes alors que la maison brûle: le Tarko, épaulé de Sven Nykvist, en plein travail, c'est quand même du lourd. Chaque mouvement des acteurs et de la caméra est répété 3 milliards de fois alors que toute erreur est impossible, la production ne pouvant reconstruire une 3ème fois la façade de la maison. Marker s'attarde également sur les autres arts qui traversent les films du Russe, à savoir surtout les livres et la peinture bien sûr. Sur le plan technique, il fait un lien entre les oeuvres sur la technique de la plongée (l'Américain regarde naïvement le ciel, le Russe filme la Terre, bon pourquoi pas) qu'il apparente lorsqu'il est perpendiculaire au sol au regard de Dieu. Sur le plan thématique il revient sur la notion de "zone à rejoindre" qui revient comme un leitmotiv dans sa filmographie. Cela m'a donné d'ailleurs envie de voir enfin Stalker que je mets de côté pour les soirées d'hiver... Petite note ironique, lorsque Tarkovski dit avoir parlé avec Pasternak lors d'une séance de spiritisme: ce dernier lui avait annoncé qu'il ne ferait que 7 films mais des bons (reste d'ailleurs à trouver qui a pu gentiment conseiller à Besson de ne faire que 10 films, mais des mauvais...) Bref quel bonheur de revoir des plans en noir et blanc de l'Enfance d'Ivan et d'Andreï Rublev ou les plans en couleur du Miroir et de Nostalghia de ce magicien perfectionniste. Marker/Tarko, bingo.

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