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18 septembre 2007

La Rivière Fuefuki (Fuefukigawa) (1960) de Keisuke Kinoshita

Du bien bel ouvrage décidément que celui du père Kinoshita qui nous emmène au XVIème pour nous faire suivre l'impact de multiples guerres seigneuriales sur une famille de paysans - et ce sur plusieurs générations s'il vous plaît. Le film a la particularité d'être en noir et blanc avec des touches de couleurs -filtres ou simple "coloriage" - ce qui est ma foi bien jouli.

fuefuki2

Kinoshita se focalise donc sur cette famille de paysans qui habite une maison tout de guingois auprès d'une rivière (Fuefuki, on la nomme, c'est ça): le flux du temps et celui de la rivière sont en parfaite correspondance et ce pont immense qui se perd à l'infini sera le passage obligé de tous les fils qui partiront sur le chemin de l'aventure, autant dire celui qui mène à la guerre, autant dire bien souvent celui que conclut la mort. Les scènes de combat possèdent non seulement ces touches de couleur "surréalistes" mais sont ponctuées aussi parfois d'arrêts sur image comme si Kinoshita cherchait à casser volontairement la violence cinégénique de ces séquences. Le retour aux scènes rurales, généralement en noir et blanc - au moins les premiers plans - permet d'avoir l'impression d'un retour à la normale. En plus de ces enchaînements guerre/retour à la maison familiale (un nombre de batailles au XVIème siècle mon bonhomme, devait pas y'en avoir des tonnes des Japonais au final...) , Kinoshita  renforce ce sentiment de répétition par l'usage de motifs sonores monotones - grosses cloches (bourdon?) ou clochettes, dit-il d'une oreille de fin connaisseur. Ces sons ne cessent de venir hanter le récit tout comme cette silhouette féminine qui baigne dans une lumière bleue et qui vient annoncer périodiquement la Morrrrrrttttttt. Dure condition que celle de ces paysans qui ont le choix entre la faux des champs pour mener à bien une vie ardue et la faux des champs de bataille où ils espèrent trouver gloire et renommée. D'autant que même lorsqu'ils se battent pour un seigneur, ils ne sont jamais à l'abri d'une petite vexation ou d'une boulette ce qui entraîne un courroux vengeur fatal. Bref, constamment ballottés entre la vie sédentaire et l'aventure pour la gloriole, nos bons paysans vont avoir tendance à bien morfler, Kinoshita prenant plaisir à filmer ces petites fourmis nipponnes dans des espaces immenses, à l'image de cette sublime vue du ciel alors que les deux plus jeunes fils parcourent la forêt à cheval; il y a d'ailleurs une classe générale -travelling de ta mère, panoramique de ta soeur - dans la composition de chaque plan.

fuefuki1

Bref du lourd, estampillé vintage 1960, disons-le "à la croisée entre l'ancien -parlant- et le moderne -parlant-", ce film qui joue des couleurs à merveille fait indubitablement date. Une époque décidément où le cinéma japonais était en état de grâce.

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