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30 août 2007

Les Espions (1957) d'Henri-Georges Clouzot

Avant Rivette, Clouzot peuple une maison psychiatrique d'espions en tout genre, entre mélodrame et comédie. La guerre froide est bien partie et cette vision hallucinée d'espionnage et contre-espionnage, chacun des personnages finissant même parfois par se demander par qui il est réellement envoyé, est une mécanique diabolique du chef Clouzot.

espions

Le Docteur Malic (Gérard Séty, impeccable) vivait bien pépère avec ses deux seuls clients, accumulant certes les dettes mais se remontant toujours avec un ptit coup de blanc. Et pis voilà-t-y pas qu'un mystérieux colonel Howard lui pro1957_Les_espionspose 5 millions de francs pour héberger pendant quelques jours un quidam dans sa clinique, tout en fermant son bec. On sent bien que le type est aussi bavard que moi après 12 suntory (moins?) et aussi gaffeur que moi (sans suntory) et il aura beau faire de son mieux pour gérer la douzaine d'espions qui viennent investir sa clinique, son zèle risquera constamment de tout faire capoter. Clouzot réussit toujours à conserver une certaine tension dramatique (d'autant que le spectateur est aussi perdu que le docteur Malic parmi ce nid d'espions) tout en parvenant à flirter avec le burlesque, certains de ces hommes mystérieux en "mission" se faisant par exemple passer pour un groupe de joueurs d'ocarina en déplacement pour un congrès à Bagnolet (??!!). On ne croit pas une seconde à tous ces troublions qui ont la figure de l'emploi, du type à l'accent corse à la vieille peau de vache anglaise en passant par le gros barbu vicieux, le docteur se faisant trop facilement dépasser par tous les événements. Mais c'est justement dans ce flot d'incompréhension générale et de feintes à deux balles que se tisse  le noeud du drame, comme si cette clinique reflétait en microcosme à quel point le monde était devenu fou. On s'identifie volontiers à ce bon docteur qui n'a rien d'un OSS ou d'un James Bond mais qui est prêt à faire de son mieux pour jouer à son niveau au héros.

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Le récit trouve sa dynamique dans ces êtres qui ne cessent de rebondir les uns sur les autres et de se suspecter, comme des fous que l'on agiterait dans un bocal. L'histoire finit par s'éclaircir par le retour du colonel Howard et l'apparition du vrai savant Vogel, seuls personnages humanistes de ce drame (avec le docteur) dont Clouzot a su parfaitement tirer toutes les ficelles. A l'époque on avait de vrais réalisateurs de film de genre.

Commentaires
F
D'Henri Jeanson à propos de ce film : "Clouzot a fait Kafka dans son froc".
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