La Voie Lactée (1969) de Luis Buñuel

S'il faut bien reconnaître l'audace du projet, sa portée hautement "politique" (dans le sens que lui donne Carrière -lors de l'excellente interview dans le DVD Criterion-, dans la mesure où derrière le thème de l'hérétisme dans la religion, on peut voir également l'étude de tout mouvement "deviationniste" (et après 68 cela a d'autant plus de poids) par rapport à un quelconque "dogme"), l'ironie mordante et des séquences surréalistes magnifiques (l'assassinat du Pape dans l'imagination de Terzieff et le bruit du tir qui résonne aux oreilles de son voisin), je dois admettre mon manque de passion (du Christ?) à suivre ces deux pélerins en route pour Compostelle. Buñuel mêle les lieux et les époques avec un certain brio, ne fait dire à ses personnages que des paroles réellement tirées de diverses "discussions religieuses" (superbe combat en duel entre un Janséniste et un Jésuite) mais l'on piétine un peu devant ces différentes séquences sans lien narratif; cela reflète certes, comme l'explique Carrière, le souhait de Buñuel (il n'y a pas forcément de fil conducteur dans nos vies de pauvres mortels) mais on perd un peu pied, la tête comme perdue dans la voie lactée. Même si la fin est d'une grande poésie (les aveugles ont-ils menti en disant être guéris uniquement pour faire plaisir à Dieu?), ce genre de film-concept (à mes yeux peut-être aveuglés...) semble avoir un peu mal vieilli... Ou alors je ne suis point remis tout à fait de la nuit dernière à boire des seaux de bière...

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