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12 août 2007

Le Caporal Epinglé de Jean Renoir - 1962

215841_275873Curieux la mauvaise réputation que ce film peut avoir. J'avais lu un peu partout que Renoir, pour cette avant-dernière oeuvre, avait perdu sa verve et son talent. S'il est vrai que Le Caporal Epinglé manque de fond, il n'a absolument pas à rougir face au reste de la filmographie du maître. On sent là-dedans, surtout, un amour de l'humanité qui rappelle les grands moments de La grande Illusion, auquel le film fait immédiatement songer. Mais autant, dans ce dernier, les rapports entre prisonniers de guerre et gardiens se teintaient d'un romantisme poétique flamboyant, autant dans celui-ci Renoir revient à des rapports très simples, uniquement marqués par la fraternité, la camaraderie. La légèreté et l'humour sont partout présents dans ce film, même si on en ressort avec une mélancolie très douce que Renoir a su distiller avec beaucoup de finesse.

On retrouve nombre de thèmes chers au gars : un héroïsme discret, abordé du point de vue des "petitesbrasseur1 gens", qui prône la résistance sans esbrouffe ; le brouillage des rapports sociaux, les prisonniers étant tous égaux devant l'ennemi (très belle direction d'acteurs de ce point de vue, du titi parisien Jean-Pierre Cassel au dandy héroïque Claude Rich, du brave et simple paysan Jean Carmet au petit gars Claude Brasseur) ; l'amour de la France dans sa nature et sa diversité culturelle, qui culmine avec ces dernières scènes mettant en rapport la campagne et sa générosité à Paris et son mazout ; l'attirance pour le burlesque, même si les gags se font très discrets et doux-amers (dont un piqué à Stalag 17 de Wilder)... Ajoutez à cela un sens du cadre toujours impeccable, un rythme parfait dans la construction du récit qui alterne les moments de bravoure et les descriptions taquines du quotidien des prisonniers, une très belle photo qui fait oublier la mocheté du précédent Déjeuner sur l'Herbe, et vous obtenez un Renoir très émouvant, qui n'a absolument rien perdu de sa tendresse pour les hommes et pour les acteurs et de sa douceur de regard.

Alors certes, on n'est pas dans la profondeur sidérante de La Règle du Jeu ou du Carrosse d'Or, mais Le Caporal Epinglé se regarde avec beaucoup de bonheur, surtout dans sa dernière demi-heure, qui se teinte subitement, grâce à Cassel, d'une noirceur modeste qui fait mouche. Dans le haut du panier des Renoir, sans conteste.

Renoir est tout entier ici

Commentaires
W
Oui, ce film est grand, grâce à lui j'ai découvert à quel point Claude Brasseur est génial. Et Cassel père. Lumineux (bien que sombre, ne distillant pas le même espoir que LA grande illusion).
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