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26 juillet 2007

Le Gouffre aux Chimères (Ace in the Hole) (1951) de Billy Wilder

On peut pas dire que je me sois regardé aujourd'hui les films les plus poilants de l'histoire du cinéma. Cela permet de remettre parfois les pieds sur terre et c'est encore ce qui peut m'arriver de mieux avec cette chaleur ultra-plombante. Billy Wilder signe un grand film sur le sens de l'opportunisme en général - et dans le milieu du journalisme en particulier -, sur le sens de l'ambition dérisoire, donne une véritable leçon d'une "success story" à l'américaine qui se dégonfle en route.

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Kirk Douglas - très fringuant - est prêt à tout pour prendre sa revanche après s'être fait viré de plusieurs grands journaux pour divers motifs (histoires pipeau, histoire de fesses ou histoire de bibine...) Lorsqu'il se fait engager dans ce "patelin" d'Albuquerque, il attend  patiemment le scoop du siècle pour refaire surface. Au détour d'un reportage sur "une chasse aux serpents", la chance de sa vie se présente: une homme à la recherche de tombeaux indiens se retrouve bloqué dans une grotte, et rapidement il flaire tout le jus à tirer de ce mini-drame humain. Dès lors que l'histoire fait la première de son journal, les gens commencent d'affluer pour participer au sauvetage de cet homme (Wilder sort tout le gros barouff, après quelques vacanciers, on a droit à 3000 personnes qui débarquent sans parler d'un cirque et d'une grande roue, et même d'un groupe folk pour venir divertir ses gens en manque d'émotion forte). Le Douglas passe alors un deal avec le shérif local et un promoteur pour essayer de faire durer "l'événement" et plutôt que de tenter un sauvetage en renforçant les galeries, pourquoi pas creuser un trou dans la roche, par le haut, histoire de faire durer le suspense... On comprend vite qu'après avoir retrouvé son heure de gloire, la chute finale sera terrible.


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C'était l'époque où le happy end ne régnait pas en maître absolu et où on avait encore droit à des films ricains intelligents, d'une grande intensité dramatique. Le personnage de Kirk se rend compte un peu tard qu'à jouer avec le feu, on finit par se brûler à tous les degrés: sa vanité et ses concessions morales (il passe un pacte pour garder l'exclu de l'histoire avec un shérif véreux) vont se retrouver laminés sous le poids de la triste réalité. Plus question de faire machine arrière, il finira KO, au tapis, pour avoir voulu jouer avec la vie d'un homme. C'était les années 50 -et c'était aussi Monsieur Billy Wilder-, époque où on avait pas peur de s'attaquer de front aux idées de pacotille que véhiculait la société. Cette époque semble bien loin aujourd'hui.


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Commentaires
F
Le boulot de Jean Ker de Paris-Match dans l'affaire Grégory a été à la hauteur (ou plutôt à la bassesse) et aurait pu inspirer un metteur en scène français. On a la presse et le cinéma qu'on mérite.
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E
Féroce en effet mais Wilder savait l'être.
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G
Chef-d'oeuvre intersidéral, on est d'accord.
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