Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 décembre 2021

Nana (1926) de Jean Renoir

1926_NanaConsidérant le livre comme un des meilleurs Zola (oui, bon, moi aussi j'ai lu quand j'étais jeune), je m'attendais à une fresque renoirienne digne de ce nom. En dehors des appartements privés de la dame - sa chambre et la montée d'escalier couvrent aisément deux terrains de football -, on est pas vraiment dans la débauche de décors, à l'image de ces couloirs du théâtre nus comme un ver (ah si, il y a interdit de fumer en gros). Aucune scène non plus véritablement en extérieur ce qui renforce le petit côté artificiel de l'ensemble. La deuxième chose plus embarrassante est la constante minauderie de Catherine Hessling qui lasse très rapidement ; Nana n'était certes pas célèbre pour sa finesse et ses manières mais là on a droit à une tête à claque intégrale qui finit par user. Il faut tout de même reconnaître à Jean Renoir de s'être tenu à l'essentiel - les intrigues avec ces trois hommes qui ont tous une fin tragique - et d'avoir gardé une épure de dialogue du meilleur effet (excellent quand Nana traite le comte de Vandeuvre d'"espèce de panné!" - à ressortir à l'occasion). L'image de cette jolie version rénovée baigne dans un jaune pétant avec une petite touche bleutée lorsque Nana est obsédée par la tâche de sang qu'a laissée chez elle Georges Hugon lors de son suicide. La fin est également dans les mêmes tons lorsqu'elle gît abandonnée et atteinte de la petite vérole dans son lit plus grand que celui de la Seine. Sinon, un certain bof l'emporte, je dois bien l'avouer... Bon, j'espère être beaucoup plus séduit par La Fille de l'Eau que mon gars Bibice a trouvé extraordinaire et que je garde pour la bonne bouche.   (Shang - 28/06/07)


unnamed

Beaucoup plus charmé pour ma part par ce film que je n'avais curieusement jamais vu, réalisé par mon idole pourtant. Pas tant il est vrai par le jeu de Catherine Hessling, d'habitude formidable comédienne, mais qui abuse ici des poses de mannequin et d'un curieux clignements d'yeux peu seyant ; on a bien du mal à comprendre pourquoi tout Paris est à ses pieds, tant la belle paraît froide, sans charme et bien trop apparemment cupide pour avoir l’ambiguïté du personnage de Zola. Mais si on exclut cette faute de goût, le film est doté d'une belle aura dramatique que Renoir exprime avec puissance, s'amusant comme à son habitude à cette époque des possibilités du cinéma. Certes, beaucoup de scènes manquent un peu de panache, mais quand le gars y va, il y va. Par exemple, dans ce jeu avec les profondeurs de champs qu'il pratique dans les scènes dans l'immense palais de Nana, il y a un côté presque expérimental dans le jeu avec les tailles des personnages et les focales. L'épure des décors, qu'on peut mettre sur le dos du manque de moyens, est largement compensé par une belle invention visuelle : à l'opposé de ses collègues américains qui aiment faire dans la surenchère, Renoir ramène tout à l'essentiel : le jeu (formidables acteurs masculins), le scénario (très habile adaptation du texte, quand même), l'émotion pure. Renoir y va un peu fort du mélodrame, certes; et plusieurs scènes paraissent un peu démodées, un peu théâtrales ; mais on aime cette expression très personnelle qu'on sent dans chaque plan, on aime sentir la présence du cinéaste (et de son père aussi, par la bande) derrière ce film sobre et très élégant. Bah moi j'aime assez...   (Gols - 22/12/21)

Renoir est tout entier ici

Commentaires
Derniers commentaires