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4 février 2023

Cendres et Diamants (Popiól i diament) (1958) d'Andrzej Wajda

wajda_boxRèglement de compte, le soir du 8 Mai 1945 - fin officielle de la guerre -, entre jeunes résistants et membres anciens du Parti Communiste alors au pouvoir. Le James Dean polonais (si, ça existe en la personne de Zbigniew Cybulski), lunettes fumées et dégaine à la cool, a pour mission de descendre un des leaders locaux du parti. Après une première boulette -il s'est trompé de voiture et a tué deux jeunes ouvriers- il est prêt à se rattraper lors de cette longue nuit de fête dans cet hôtel. Seulement le hasard veut que le soir même, il fasse la connaissance d'une charmante serveuse qui pourrait changer le cours de son destin - lui que plus personne n'attend.

Wajda en adaptant ce livre très populaire à l'époque de Jerzi Andrzejewski déjoue la censure en se focalisant non pas sur le membre du parti mais sur ce jeune rebelle qui deviendra une sorte d'emblème en son pays. Il280px_Ashes_And_Diamonds_screenshot faut surtout reconnaître un don chez Wajda (qui a fait des études de peintre) dans la composition des plans : ce Christ, la tête en bas, alors que les deux jeunes héros font leur entrée au fond de l'église, comme si le monde était à jamais bouleversé, comme si la rédemption était en quelque sorte impossible pour cette jeune génération sacrifiée, est une image d'une force extrême. Magnifique idée également que ce drap blanc tâché de sang (Tarkovski, toujours plus malin que tout le monde alors que le film est en noir est blanc, y voyait le symbole du drapeau de la Pologne) qui recouvre le jeune héros avant que ce dernier n'achève sa course sur un tas d'immondices, ashes_1_comme si son combat -passé et présent- était une cause perdue... On retrouve également un cheval blanc qui fait étrangement son apparition dans le cadre alors que nos deux amoureux se disent adieu... Comme je veux pas dire trop de conneries (sinon Karamzin va encore me tomber dessus), d'après la commentatrice érudite, ce cheval blanc symboliserait la Pologne, pays sans guide... Moi j'y vois plutôt un symbole d'espoir (Cybulski peut refaire sa vie), un ange de la mort  (mais en fait...), un... nan je déconne, je vais po recommencer: c'est un symbole et chacun pourra y mettre ce qu'il veut, voilà, je suis vexé maintenant, na. Influencés par Citizen Kane et les films noirs de l'époque tels qu'Asphalt Jungle, Wajda et son chef op jouent des contrastes et de la profondeur de champ avec un certain plaisir (magnifique scène du téléphone avec le héros au second plan) et signe une scène exemplaire lorsque le leader coco finit par s'écrouler dans les bras du tueur, comme si les frères ennemis était indéfiniment liés par le sang.

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Bref suffisamment de profondeur (dans le fond et dans la forme) pour faire de cette troisième partie de la trilogie, un film des plus intéressants, même si je dois reconnaître un petit penchant pour Kanal : œuvre peut-être moins trouble, moins symbolique dans son traitement, mais beaucoup plus angoissante.   (Shang - 23/06/07)

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Beaucoup de tristesse et de fatalité sur ce film, qui arrive à détourner le film à thèse en essai métaphysique sur l'engagement et les choix. Il faut le reconnaître : Zbigniew Cybulski fait l'essentiel de la beauté du film, sa photogénie est immédiate comme celle d'un Delon ou d'un James Dean, et il campe à merveille cette jeunesse un peu perdue, un peu cramée que Wajda met ici en scène. Le personnage est constamment surprenant, on ne sait jamais trop comment il va réagir. Dès la première scène, d'une belle violence, il étonne par son comportement : d'abord allongé au sol et mâchonnant un brin d'herbe, à la cool, il se révèle finalement un tueur sans pitié trois secondes après. Il agira ainsi souvent en porte-à-faux tout au long du film. Mais sa plus belle métamorphose se fera au contact de cette belle serveuse : il devient tout à coup un jeune garçon romantique et aimant, pas loin de renoncer à sa funeste tâche par amour pour sa belle. L'acteur est non seulement immédiatement iconique, mais il sait en plus superbement montrer toutes les nuances de son personnage. C'est l'élément qui m'a paru le plus attachant dans le film, effectivement souvent un peu lourdement symbolique, effectivement pas toujours très tenu dans sa trame volontairement errante. C'est du très beau travail technique en tout cas, avec ce noir et blanc sublime, cette musique inspirée, ces plans sophistiqués. Une réputation de classique pas usurpée. (Sent-on que je ne suis pas très inspiré aujourd'hui ?)   (Gols - 04/02/23)

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Commentaires
G
CENDRES ET DIAMANT est très beau, fort d'un visuel effectivement influencé par le clair-obscur d'un ASPHALT JUNGLE ou par les travellings magistraux d'un CITIZEN KANE (l'école polonaise, malgré le communisme, avait accès à TOUT le cinéma occidental, jusqu'aux films de Buñuel!) et d'une audace toute personnelle dans les symboles.<br /> <br /> On ne peut que s'incliner devant tant d'intelligence, mais je comprends un peu les réactions de la critique de l'époque, qui jugeait trop maniérée cette déferlante de symboles. Demeure que cette soirée où l'ensemble de la Pologne de 1945 semble se croiser est simplement réjouissante !
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K
foutu cheval blanc hein! <br /> au fait, dis-moi, t'aurais pas une petite préférence pour kanal parce qu'il n'y est pas le symbole aux 3000 explications possibles ? Com à prendre bien sûr au second degré, comme tout le reste d'ailleurs concernant le canasson fétiche de wajda, parce qu'il faut quand même que je vous avoue un truc, les symboles, les métaphores et les allégories filmiques me font horriblement suer aussi. à la revoyure, les gars.
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