El Topo (1970) d'Alejandro Jodorowsky
Le grand problème avec les années 70, c'est qu'esthétiquement et "spirituellement" beaucoup de films morflent méchamment avec l'âge. Ce western sauvage déjanté qui bénéficia à l'époque du soutien et de la pub de John Lennon frôle souvent le n'importe quoi -surtout la fin- et fonctionne avec des ficelles grosses comme Carlos.
Un barbu gainé de cuir avec son gamin à poil règle son compte à un général qui a décimé un village (4 tonnes de sauce tomate, au moins) - il lui coupe le zigouigoui et l'autre de se suicider dans la foulée; ensuite il lâche le gamin et part avec une franciscaine pour descendre les quatres "gachettes" du désert: un brahmane que les balles transpercent, un artiste du cuivre (?!), un éleveur de lapin et un vieil ermite spécialisé dans la chasse au papillon (je sais pas trop ce qu'il fumait à l'époque, si c'╬tait bon ou non, mais il est clair qu'il ne savait jamais comment s'arrêter...); comme il est rusé comme un renard du désert, il les flingue à tour de rôle mais là po de bol sa gonzesse s'avère lesbienne et se barre avec une autre (cela avait l'air encore plus compliqué, dans les années 70, les relations sexuelles...). Il se fait bouddha, se marie avec une naine (ah oui quand même) et décide de sauver tous les handicapés qui sont coincés dans une grotte (Freaks en couleur et en nase, avec tout de même une mention spéciale pour le manchot qui porte sur son dos un unijambiste - les deux font la paire, si je peux me permettre). Dans la ville la plus proche, entre les rombières sado-maso, les bacchanales partouzardes et les vieux travelos, on s'ennuie pas une minute. Seulement quand ces "monstres" issus de l"imagination génétique" (dixit le Jodo) arrivent finalement en ville, ils se font tous flinguer et notre héros de les venger lors d'une tuerie sans nom....
Si certaines scènes sont visuellement d'un surréalisme sauvage (l'arrivée dans le village génocidé, le cimetière de lapins (!), ces mares d'eau rouges, ces vieilles grosses sorties d'un film de Waters, ce baiser lesbien lynchien...), une bonne partie du film se barre grave en quéquette et on se dit que le Jodo ne reculait devant rien, sans avoir jamais peur du ridicule (les scènes clownesques à la fin sont du niveau 2 mois et demi d'âge...). Un OVNI cinématographique certes, mais soyez sans regret s'il ne croise jamais votre route.