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Shangols
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19 mai 2007

LIVRE : Doggy Bag saison 4 de Philippe Djian - 2007

Sans_titreEh bien ma foi, ce quatrième opus est toujours une horreur au niveau de l'écriture, c'est même de pire en pire; on se demande vraiment si qui que ce soit, aujourd'hui, relit les manuscrits de Djian avant de les éditer. Le coup des répétitions de phrases inlassables (voir mon brillant texte sur l'opus 3, ici) devient franchement un gros cable, ça en devient agaçant. Bon, là, il a trouvé la touche italique sur son ordinateur, et du coup ses répétitions deviennent un peu plus jolies sur la page (genre, de mémoire : "Avait-il reçu les foudres du ciel sur la tête ? Les avait-il reçues ?" ou "Tu sais que je suis ton fils, dois-je te le rappeler ? Je suis ton fils, tu sais ?", et le reste à l'avenant.) Ce système (car c'en est un, et grossier) va finir par se voir, Philippe, méfie-toi.

Par ailleurs, Djian a l'air de croire que pour parler des "âmes d'aujourd'hui" (comme il l'annonce dans sa préface), il suffit de les planter dans un contexte fait de bidules à la mode, de musiques branchées ou de marques repérées. Le gars a lu Bret Easton Ellis, mais en tenant le livre à l'envers, clairement : on a donc droit, pour faire moderne, à toute une liste de disques que les héros écoutent en boucle (bon choix, je dis pas, bien branchouilles, trop class, le gars n'écoute pas Jean-Jacques Goldman j'aime autant vous le dire) en "tombant à genoux", à quelques livres idemement trop cools, etc. Djian était plus modeste dans le beau Ardoise que dans ces listes qui apparaissent à des endroits totalement improbables. Ca lui attire sûrement le regard énamouré des filles, mais ça ne suffit pas du tout à planter un contexte, ni politique ni social, c'est complètement raté. Jusqu'à cette infâme phrase de petit malin, destinée à se mettre pour pas un rond le lecteur dans la poche : "Alleluia, comme aurait dit ce chanteur canadien qui écrivait de si beaux livres" (si vous avez reconnu Cohen, vous êtes du clan ; sinon, vous êtes ringard... quelle merde).

Bon, une ou deux qualités quand même au milieu de toute cette caisse à outils de maçon débutant : une volonté de calmer le jeu au niveau de l'action, qui fonctionne assez bien (il se passe peu de choses dans Doggy Bag saison 4, à part un énorme coup de théâtre bien vu à mi-parcours) puisqu'elle permet de mieux dessiner les personnages, de mieux redéfinir les rapports entre eux ; quelques scènes assez marrantes (un dogue allemand carbonisé dans un arbre (oui) ; une séance de thérapie chez les drogués du sexe...) ; et UN paragraphe très joli, le seul qui rappelle vraiment le Djian que j'aimâs dans les années 80, et qui se trouve page 206, lors de la préparation d'une kermesse de charité : "Au bout d'un moment, ils firent une pause pour boire une orangeade. Des particules de textile voletaient dans la lumière. Quelques scouts fermaient des cartons." Je rigole pas : je trouve tout ça sobre, très bien équilibré, avec la petite pointe d'humour subtile, très beau paragraphe. Et je rigole pas : c'est le plus beau paragraphe du livre, c'est dire.

Ah, et j'ai la preuve que Djian lit ce blog : il refait le coup, cette fois très ostensiblement, pleine page, du "Au temps pour moi" qui déclenchât mes foudres lors de mon puissant texte sur l'opus 2 (ici), ce en quoi j'avais tort, paraît-il. Ca va, ça va, je m'excuse...

Commentaires
R
Bonjour Gols<br /> <br /> Désolé de répondre un peu tard,mais la vie est là avec les quelques obligations qui vont avec...<br /> Merci en tout cas d'avoir répondu aussi vite et c'est en fait la première fois que je corresponds ainsi sur un blog.<br /> J'ai cherché l'itv de Djian à la radio dans laquelle je bosse, persuadé que je l'avais alors archivée (je devais en avoir plus d'une heure) mais je ne l'ai point retrouvée. Je suis pourtant sur d'en avoir gardé une copie et il est fort possible que je tombe un de ces quatre dessus. Dans ce cas, est-il possible de vous faire parvenir du son?<br /> Tous vos arguments sont sinon recevables, mais je pense que comme moi vous irez au bout de "Doggy bag" pour savoir au moins ce qu'il advient à chacun des membres ce cette famille de cinglés!<br /> Bravo pour "tu ne me dois rien" qui est aussi sans doute ma préférée (saviez-vous que Eicher n'a jamais pu dire correctement l'un des vers et qu'à l'époque cela énervait Djian pendant l'enregistrement? Je crois que c'est, de mémoire, "Appelle moi de temps en temps, si tu en a envie" prononcé si tu n'en a envie).<br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> Romain
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G
Bienvenue à vous, Romain. Les amis de Djian resteront toujours mes amis. Je ne trouve pas, personnallement, que le style de Djian devienne meilleur. Ou plutôt, c'est bien à cause de ça que je l'aime moins : ses premiers livres, que j'ai découvert à l'adolescence, étaient certes assez mal foutu au niveau du pur style, mais c'est ce qui en faisait la qualité, m'est avis : des livres bruts, directs, sans réflexion précise (bien que toujours très "écrits"). Mon émotion d'alors sur Echine, 37°2 le matien, Zone erogène ou Maudit manège, je ne la retrove plus. Je trouve même que c'est à partir de Sotos que Djian a commencé à chuter (déjà un peu sur Lent Dehors).<br /> Je suis d'accord sur le fait que le gars s'intéresse aux expressions populaires, à une culture "parlée" qui pourrait faire son effet. Mais ses efforts, dans Doggy Bag, deviennent pour le coup trop voyants, ça sent le labeur, la rature, là où des livres comme Ardoise, par exemple, semblaient couler de source. Les recherches djiannesques sur la culture pop me semblent être une fausse piste.<br /> Ceci dit, jamais je ne "détesterai" l'écrivain qui m'a donné le goût de la lecture, un mythe pour moi, qui m'a fait découvrir Miller, Brautigan, Bukowski, Melville ou Fante. Je lui garde toujours mon plus grand respect, à cause de tout le bonheur qu'il m'a donné quand j'avais 15 ans. <br /> Pour ce qui est d'Eicher, d'accord, il y a quelques textes magnifiques ("Tu ne me dois rien" est ma préférée).<br /> Pas relevé la liste des musiques évoquées dans ses livres. Pour être méchant... il suffit de lire les Inrocks.<br /> Pouvez-vous me faire passer cette interview de lui que vous avez réalisée ?<br /> Amicalement à vous.
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R
Bonjour,<br /> je suis arrivé sur votre commentaire en cherchant la liste des musiques dont parle Djian tout au long de ces "doggy bag(s)".<br /> j'ai plutôt bien aimé ces 4 premières saisons, mais c'est sans doute parceque j'aime bien Djian.<br /> Cela veut dire que je comprends aussi vos réticences.<br /> J'aurais pu ajouter également qu'il n'auraitjamais dépassé la 1ère saison si "doggy bag" était devenu une série tv tellement l'intrigue est faible (comment peut-on espérer tenir en haleine sur 22 épisodes des télespectateurs avec 3 pauvres rebondissements. cela ferait sans doute beaucoup rire les scénaristes de "24h" ou de "prison break")<br /> au delà de tout ça, il faut quand même prendre en compte un ou deux éléments dont j'avais discuté avec Djian pour une interview à Biarritz lors de la sortie d'"impuretés":tout d'abord du strict point de vue du style, il écrit de mieux en mieux depuis "Sotos". du coup, l'histoire est pour lui de moins en moins importante (ceci explique cela!), et puis surtout, il est fasciné par les lieux communs, les expressions toutes faites. Il doit certainement les stocker et construire "doggy bag" autour d'elles, et par là même, on peut le lire autrement.<br /> Sinon, je suis pour le reste assez d'accord avec vous, même s'il faut prendre gare à ne pas trop le détester (ce type m'émeut tout de même à chaque fois qu'il pond un texte pour Eicher).<br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> Romain<br /> <br /> PS; si vous avez eu la patience de lister les morceaux de "Doggy bag", je suis preneur!
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A
"A peine levée, je m'assis sur le canapé, et allumai l'ordinateur. Des rumeurs de vie me parvenaient de la rue. En lisant Shangols, j'appris que j'étais une ringarde."<br /> <br /> Au temps pour moi.
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