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13 mai 2007

La Vie est à Nous de Jean Renoir - 1936

00112043Après la propagande nazie filmée par Leni Riefenstahl et courageusement visionnée par mon collègue, son antithèse : La Vie est à Nous, réalisé collectivement, sous la direction du roi Jean. Si le discours est tout de même plus noble et fraternel (ici, c'est le PCF qui est glorifié), les méthodes sont sensiblement les mêmes. C'en est même hallucinant : après un portrait énamouré de la France, ses campagnes, ses industries, sa haute couture et son pinard, Renoir et ses potes s'attaquent au lance-flammes à la critique de la société de grands patrons, pour mieux développer un discours pro-communiste de la veine la plus glorieuse : dirigeants filmés à la tribune en contre-plongée qui les rend encore plus immenses (la brusque coupe en plongée sur Maurice Thorez, décadrée, prouve bien la puissance de ces plans filmés d'en bas), puissance des manifestations marxistes sur fond d'Internationale scandée par de beaux jeunes gens, gros plans sur des lettres d'ouvriers et de paysans de l'Allier qui remercient le directeur de l'Humanité de son aide pour les sortir de la merde... tout ça opposé à des plans d'Hitler montés sur des cris de roquet, ou des défilés nazis sur une musique de cirque. Bref, à côté, Michael Moore, c'est de l'objectivité pure, et on ne peut que regretter que Renoir utilise pour montrer ses opinions fraternelles et égalitaires les mêmes procédés que ses ennemis nazis. Passons sur les discours pro-staliniens, c'est l'époque qui voulait ça, on ne peut pas reprocher au cinéaste d'y avoir cru lui aussi.

Ceci dit, le film est très intéressant par d'autres côtés, notamment dans toute sa partie "fiction", constituée de quelques exemples de gens exploités qui se révoltent sous l'influence du PCF. Jolies scènes de campagne, où un comité de paysans solidaires s'organise pour racheter les biens d'une famille confisqués par l'Etat ; beaux plans d'hommes au travail dans une usine. Les plus belles séquences sont celles de la fin, qui racontent la lente dérive d'un jeune gars, de chômage en soupe populaire. Le magnifique plan où il quitte subrepticement sa fiancée rappelle les grands moments de La Règle du Jeu : profonvie4deur de champ, multiplicité des points de vue dans un seul cadre, émotion qui émane du simple positionnement des corps dans l'espace, ce plan est poignant et desespéré.

Et puis, il n'est pas inutile de constater qu'en 36, la France était dans un état très similaire à 2007 : chômage chronique, licenciements pour cause de bénéfices accrus, mise à la retraite anticipée pour les moins productifs, et 90% des richesses détenues par 200 familles richissimes. Quant aux méthodes du patronnat démontrées cyniquement par Renoir (belle scène d'un richard qui lâche une offre d'embauche dans l'armée à un pauvre hère avant de l'éclabousser avec sa Rolls), elles sont étrangement proches de celles encouragées par notre Président nouveau. Je propose que ce film soit le prochain clip de campagne de Marie-Georges.

Renoir est tout entier ici

Commentaires
G
reamarque amère mais tout à fait juste, à mon grand dam...
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K
puisqu'on pourra comprendre que quoi qu'on dise ou défende il n'y a pas mille façons pour se faire lever les foules
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