Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
27 avril 2007

Tourments (El) (1953) de Luis Buñuel

L'histoire d'une jalousie, d'une obsession, d'un schizophrène, d'un paranoïaque, d'un macho enfermé dans la prison de ses désirs et de ses troubles, un film sans meurtre mais avec un suspens hitchcockien.

elRLC

Il n'est pas étonnant que Bouddha lui-même se soit inspiré dans Vertigo de cette scène de clocher puisqu'il s'agit d'un des sommets de l'intrigue lorsque Fransisco est prêt à sacrifier la sage Gloria (les personnages féminins chez Buñuel, il y aurait de quoi écrire un livre) avant de se repentir soudainement, une fois que la menace a été faite, que le trouble est passé, que la folie de son propre acte lui est apparue dans les yeux de sa victime. Il y a plusieurs scènes de cet acabit où Francisco opère un brusque revirement, lorsque excédé et harassé il demande à Gloria d'écrire une lettre et que tout d'un coup il lui annonce que c'est dégradant pour elle de faire cette tâche, ou lorsque celle-ci lui apprend qu'elle a fini par se confier à Raoul, il la pardonne sachant combien pour elle la situation est difficile avant de lui reprocher cette conduite impardonnable, celle de confier son intimité à un étranger. Francisco se révèle totalement impuissant (sexuellement, pas forcément sûr, car le petit garçon à la fin semble être le sien) à contrôler ses pulsions de jalousie et ses soudain accès de fièvre à l'image de cette scène où il tire trois coups... à blanc sur sa femme (s'il n'est pas impuissant, disons qu'il a une sexualité "troublée": son désir d'attacher Gloria (il a également avec lui un rasoir et un fil... pour la rendre définitivement fidèle...?) sera finalement avorté lorsque celle-ci se mettra à crier pour alerter les domestiques; son regard au début du film des pieds lavés des choristes à ceux de Gloria (superbe séquence inaugurale) montre un fétichisme qui dénote toujours un certain trouble - moral, sexuel ou psychologique. Le décor baroque de sa maison tente de reproduire le "dérangement" de son cerveau et les motifs verticaux ne manquent point comme pour symboliser sa prison mentale.

elLC4

La musique de Luis Breton donne parfois des airs de thriller au film notamment lorsque Fransisco part à la recherche de Gloria dans les rues de Mexico, courant comme un dératé, le regard hagard, la main sur la crosse de son pistolet... Il y aura d'ailleurs une jolie séquence dans l'église mélangeant le calme naturel des gens priant et les visions paranoïaques de Francisco, chacun se retrouvant debout à se moquer de lui, à le pointer du doigts (il y a presque quelque chose de surréaliste dans ce sur-enchaînement des deux séquences, la réelle (pour le spectateur) et la surréelle (pour Francisco)). Finalement il décidera de se retirer dans un couvent mais le dernier plan sur lui, marchant en oscillant de droite à gauche avant de regagner un soupirail sombre, tendrait à prouver qu'il n 'a aucunement résolu ses problèmes, cette obsession à douter de son partenaire, à penser que ce dernier ne cherche qu'à le "tromper": une maladie peut-être incurable que celle de penser que son partenaire sera non seulement toujours prêt à aller voir ailleurs mais surtout ne sera jamais au diapason de ses propres désirs.

Tout Buñuel : clique 

Commentaires
W
A l'auteur de l'article: Francisco ne décide pas de se retirer dans un monastère: il est interné plus probablement, sous la coupe des religieux qui ont étouffé l'affaire de la crise dans l'église! Quant à la marche en zigzag elle signale évidemment que le paranoïaque ne va jamais jusqu'au bout de sa pulsion, qui n'a pas de fin.
Répondre
K
J' avais jadis lu quelque part que c' est Luis, lui-même, qui lors du dernier plan,marche ainsi, vu de dos, de cette étrange pas vacillant.
Répondre
Derniers commentaires