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17 avril 2007

La Condition Humaine (vol 3): La prière du Soldat (Ningen no joken III) (1961) de Masaki Kobayashi

6305472602Ultime épreuve pour notre soldat japonais qui va bien couvrir 3000 kilomètres à pied pour finir, en prière, en rêvant de rejoindre sa belle, face contre terre, alors que les flocons de neige le recouvrent. Dernière partie donc où Kobayashi nous fait traverser cette fois-ci toute une variation de paysages, forêt, colline pelée, champs de blé, vaste plaine enneigée avec toujours un grand sens du scope qui capte parfaitement cette marche jusqu'au bout de la nuit, de l'effort, celle d'une individualité broyée par la guerre et les hommes de pouvoir.

Dès le début de cette ultime épreuve, Kaji doit fuir et pour se faire il doit tuer de ses propres mains une sentinelle chinoise alors qu'une colonne infinie de camion barre la route à nos trois survivants. S'ils parviennent à leur fin, Kaji ne peut se défaire de ce sang qu'il a désormais sur les mains. Ce sera l'épisode de la désillusion totale car s'il se demande comment le Japon pourra un jour se relever de tous ces crimes, lors de son passage dans le camp soviétique, cet éternel socialiste se rendra compte que l'égalité chez ces cocos n'est restée qu'à l'état d'embryon, les officiers étant beaucoup mieux traités que les hommes de mains. Avec une poignée d'hommes et parfois de femmes de rencontre qui tentent de chercher un quelconque refuge, ils parviendront malgré la faim tenaillante, les milices chinoises, les soldats russes, les feux dans les champs,... à trouver un abri provisoire dans une ferme tenue par des femmes. Kaji ne cédera point à la facilité de coucher avec une femme qui s'offre à lui, tout entier empli du souvenir de sa femme Michiko, alors que les autres hommes se livrent à une partouze générale... bien maigre répit puisque dès le lendemain ils se verront forcés de se livrer aux Russes. Kaji, éternel insubordonné, se rebellera contre les intermédiaires japonais responsables du camps (son ami ayant été abusé à mort par l'un de ces petits chefs jap, Kaji le battra à son tour à mort à coups de chaîne en fer et celui-ci finira la tête la première dans une fosse des chiottes - beurk) ce qui lui vaudra un petit tour de travaux forcés à enlever des rails. Puis il tentera l'échappée belle où il finira donc exténué de fatigue, de faim (il garde un petit pain pour sa femme, c'est cool), vidé de la moindre parcelle d'énergie et d'espoir.

Kobayashi multiplie les plans de biais pour nous montrer ses hommes en marche comme s'ils marchaient sur la tête, perdant tout repère, toute morale (rares sont ceux qui ne cèdent pas à un petit viol quand l'occassion se présente... bah c'est la guerre se justifient-ils, et le Kaji de leur faire cracher leur race) à la recherche d'une impossible porte de sortie. Koba filme même Kaji debout dans un cadre complètement à l'horizontal pour montrer à quel point ce dernier a basculé dans l'enfer, après son combat contre le Chinois. Il y a toujours ce grand sens de la lumière pour nous montrer juste le contour du visage de Kaji alors que celui-ci est effondré après sa discussion avec les responsables russes, comme s'il se dissolvait peu à peu face à l'absurdité de ce monde de fous. Ces 9 heures représentent définitivement un sommet du cinoche jap, une oeuvre-somme où les côtés les plus abjects de l'humanité sont dévoilés: si c'est ça la condition humaine, po sûr que je ressignerai, eheh.

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