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Shangols
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12 octobre 2019

La Fiancée de Frankestein (Bride of Frankenstein) (1935) de James Whale

db_Bride11_1_C'est vrai que cela fait pas très sérieux de s'assoupir devant ce que certains tiennent pour LE chef-doeuvre du film d'horreur - c'est là je crois toutes mes limites dans la distanciation du genre, me passionnant moins pour l'atmosphère angoissante du truc (rahh Frankenstein n'est point mort, et la pauvre femme du village de crier tout son saoul) que pour les à-côté fendards : ce docteur Pretorius ressemble vachement à Jean Cocteau, nan ?, la fiancée du Monstre est coiffée comme Grace Jones période électrocution années 80, ou encore tous ces marmonnements du Karloff qui ressemblent au bruit d'une R5 qui a un problème de démarreur (je préfère d'autant l'imitation du Bibice, beaucoup plus crédible dans le fond). Bon je vieux bien que l'ensemble soit bonnard avec ce docteur Pretorius, encore lui, qui a inventé des homoncules qu'il a mis en bocal ou, plus fort, qui a été le premier à avoir l'idée du téléphone...; quant au dernier quart d'heure, il multiplie les trouvailles techniques et les angles de caméra pour donner vie à cette femme-momie qui, sur un coup de tonnerre, va se relever les cheveux en pétard. Po de bol pour Karloff, sa promise le trouve affreux, il ne lui reste désormais aucune chance de sursis - si ce n'est chez les aveugles (son seul pote dans le film qui ne le juge pas sur l'apparence (forcément) ou sur ses sons gutturaux inquiétants) : après tout il est même pas borgne.

bride_of_frankestein_1_

Je sais que j'ai la main un peu leste avec ce monument, d'autant que le film part plutôt bien avec lesbof_shot3l_1_ Shelley et Lord Byron qui tapent la discute, ce résumé de l'épisode précédent bien géré en trois plans, ce monstre caché dans les entrailles de la terre qui revoit le jour en tendant la main au ciel (pas à dire, c'est de la belle ouvrage) mais ensuite, je sais pas, la lourdeur de cette fin d'après-midi et mes 8 km en courant ont dû peser beaucoup dans mon état d'esprit filmique. Au temps pour moi Karloff, mais si tu veux te taper une bière à l'occase ("Boirrre... hum.... bon..." dit-il - il a tout compris le bougre) tu seras toujours bien reçu à la maison. Je vote pas Sarko - ni Bayroux - ni...   (Shang - 13/04/07)


Oui, la main leste, c'est le moins qu'on puisse dire, camarade, mais il faut reconnaître qu'on passe beaucoup plus de temps à se marrer qu'à frémir devant ce petit chef d'oeuvre du film d'épouvante. La bonne nouvelle, donc c'est que, après le mythique "It's aliiiive" du premier opus, on a aujourd'hui droit à un "It speaaaaaaks" non moins sonore : oui, notre Boris parle, et si ses pensées profondes se résument à "Grrroooo wine gooood", on ne peut nier le progrès. La plus grande partie du film, et c'est tant mieux, suit les pas de notre héros monstrueux, avec cette fois une nette différence de point de vue : de maléfique et dangereux, le bougre est passé dans le rang des romantiques incompris, et tout son entourage est vu par ses yeux, des plus obtus (la vieille (hilarante) interprétée par l'irremplaçable Una O'Connor) aux plus nobles (cet aveugle tout de bonté et de cordes de violon qui accueille le monstre comme un frère). Shelley doit se retourner dans sa tombe, tant ce nouvel opus s'éloigne de l'univers morbido-gothico-romantique de son roman.

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Quoi qu'il en soit, c'est un plaisir de chaque instant de voir ce parfait savoir-faire en action, tant du point de vue des acteurs (Boris est mon idole de ces années-là, Colin Clive roule des yeux vers le ciel et se frappe le poitrail avec une énergie communicative, Ernest Thesiger campe ce fameux Pretorius avec force éclairages en-dessous et moult jeux de sourcils) que de la mise en scène : les décors sont hyper soignés, notamment le bric à brac pseudo-scientifique réuni par les deux scientifiques fous à la fin, dont pas une éprouvette et pas une machine qui fait bip ne sont crédibles ; les contrastes de noir et blanc, les lumières crues et les ténèbres profondes sont parfaitement expressionnistes et flippantes ; le montage est parfait, faisant semblant dans un premier temps de s'intéresser au docteur Frankenstein et sa fade épouse pour mieux ensuite les quitter et s'occuper du monstre, puis revenir enfin à tout ce petit monde réuni ; les premières séquences, dans les ruines du château (c'est la suite directe du premier volet) sont merveilleusement épouvantables.

karloff_bride_of_frankenstein

Et pis il y a, bien sûr, cette merveilleuse création de la fiancée, dont je n'avais d'ailleurs pas le souvenir qu'elle n'apparaissait que dans les toutes dernières minutes : une femme inspirée graphiquement du futurisme et animalement de la poule naine, qui done droit à quelques-uns des plus beaux plans du film : ses cadres en contre-plongée sont des merveilles. Et elle clôt à merveille ce duo de films, en rejetant, elle aussi, le brave Frankie, décidément un des plus beaux parias du cinéma, pathétiques, risible, effrayant et violent comme le Lennie de Steinbeck. La présence maléfique et touchante, hilarante et grotesque de Karloff, qui pourrait tout aussi bien jouer un clown avec sa pointure 62, déborde encore sur le cinéma d'horreur d'aujourd'hui. Il y a des mythes qui supportent toutes les moqueries et toutes les parodies.   (Gols - 12/10/19)

Commentaires
C
Et de qui Elsa Lanchester était-elle la femme dans la vraie vie ? D'un autre grand monstre du cinéma et du théâtre : Charles Laughton !
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G
Malgré l'effective légèreté de ton article sur ce chef-d'oeuvre (que j'aime plus effectivement pour son second degré que pour le reste), je tiens à te féliciter pour le "Au temps pour moi" qui prouve que tu lis ton blog. Bien joué, fils.
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