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19 mars 2007

Funeral Parade of Roses (Bara no soretsu) (1969) de Toshio Matsumoto

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Oedipe est un drag-queen, ben ouais. Oeuvre d'Avant-Garde à la structure littéralement éclatée,  film dans le film dans lequel les frontières entre fiction et réalité sont passablement floues, on est bien à la fin des années 60 et le phénomène des drags et des gays stigmatise les changements de la société moooooderne. Matsumoto prend plaisir à se faire rencontrer une ancienne tragédie classique avec le "coming-out" des homos et son film tour à tour halluciné, sanglant, euphorisant et mortifère, dans lequel on peut retrouver de multiples influences (de Bunuel à Resnais) est un momument de la contre-culture.

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Deux lignes scénaristiques qui ne cessent de s'entremêler (l'influence de l'Année dernière à Marienbad est assez évidente dans le montage): a) un homme et son amant, Eddie (l'acteur est très très... belle, il faut le reconnaître, et possède une aura très cinématographique) veulent virer Leda (l'ancien amant de celui-là) et prendre le contrôle d'une boîte gay où le traffic de drogue est de mesure; b) retour sur l'enfance d' Eddie et oedipisme de base qui va finir par une crevaison d'yeux qui me fait encore frémir. Ces deux récits ne cessent de s'entre-choquer, flash-forward, flash-backward entrecoupés de multiples séquences très diverses: interview des acteurs gays, manif anti US, un "passe moi l'oinj, cool" qui finit dans un entremêlement de corps, danse de fou-furieux, images arrêtés et dialogues de B.D, images télévisés tordues... bref un immense foutoir dans lequel on perd parfois un peu le fil, mais c'est justement-là où Matsumoto veut en venir en reprenant à son compte une phrase de Jonas Mekas (mais si bon Dieu, un ponte du cinéma indépendant... rah): "Toutes les définitions du cinéma ont été effacées. Les portes sont dorénavant ouvertes". Et les portes, il les défonce littéralement aussi bien dans la forme que dans le fond avec des scènes de nudité ultra-exposée dans une lumière très crue -ou vice versa (notamment la magnifique scène en ouverture du film) - et des séquences de meurtres saisissantes avec moult jets de sang et mare d'hémoglobine: le summum avec cette crevaison d'oeil en gros plan, qui ferait passer le Chien Andalou pour un bâtard. Certaines scènes sont même accélérées sur une musique très speed et on se dit que le gars Kubrick aurait bien pu piquer deux trois idées pour son Orange Mécanique.

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Même s'il faut jouer le jeu en ayant point peur de vouloir s'y perdre, il est clair que l'on se demande parfois (au cours des 20 premières minutes, avec un générique qui ne cesse de s'insérer entre les plans du début du film) où Matsumoto veut en venir. Patience donc, on est dans de l'expérimental (ben oui, c'est pas les Bronzés 3 ou le chef-d'oeuvre d'intelligence qu'est Camping) et il faut se laisser porter par cette plongée en apnée dans le Tokyo de 69. Contre-Culturellement fort, sociologiquement couillu, cinématographiquement original, c'est déjà po mal, nan? Ah oui j'ai pas parlé des roses, pardon:

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