Asphalte (Asphalt) (1929) de Joe May
Ah les bons vieux temps de l'expressionnisme allemand. Jolie histoire d'amour passionnée entre une voleuse "croqueuse de diamant" et un jeune policier droit comme la justice qui va craquer pour les yeux de la belle.
Faut dire pour sa défense que Elsa Kramer - Betty Amann avec sa coiffure à la Louise Brooks (oui c'était la mode à l'époque, cette coupe mimi à la garçonne) et ses immenses yeux de biche - a des atouts. Et même lorsque le policier résiste, prêt à faire son devoir pour l'amener au poste (la belle est prise en flagrant délit dans une bijouterie), elle se jette littéralement à son cou et la faiblesse humaine fait le reste. Même si le bougre se reprend, prêt à ne point s'en laisser compter, la belle, malgré son sens de la kleptomanie et un protecteur qui ne vaut guère mieux qu'elle (il fait un casse à Paris en passant par les égouts, Spaggiari saura s'en souvenir), a aussi un coeur et tombera à son tour sous le charme du policier: elle finira par avouer ses méfaits et sauvera la tête du pauvre Albert qui sur un coup de colère a fracassé celle du protecteur d'Elsa.
Un sens évident de la mise en scène avec ces magnifiques plans-séquences dans la rue, où à l'aide de multiples grues le Joe nous balade d'un personnage à un autre. Une scène de séduction mais aussi une bagarre d'anthologie entre les deux hommes, où après de multiples coups de poings, on se balance ce qui tombe sous la main, tiens une table, et une antiquité dans ta tronche, et un gigantesque pot de fleur dans ta face pour finir par un vicieux coup de pied de table sur le crâne qui s'avèrera fatal. Tout le charme du muet, pour une romance pleine d'érotisme et de romantisme. L'Asphalte reste brûlant quelques 70 ans plus tard.