La Vie des Autres (Das Leben der Anderen) de Florian Henckel von Donnersmarck - 2007
La Vie des Autres étant visiblement destiné à un public de cinquième étudiant la période murée de l'Allemagne, je tiens à ajouter quelques indices à ces jeunes collégiens pour qu'ils puissent bien s'y repérer :
- pour distinguer les méchants des gentils, c'est simple : les méchants sont chauves ou vieux (ou les deux), portent des costumes avec le col relevé jusqu'au menton, ont des expériences sexuelles graveleuses voire tarifées, évoluent dans des décors crades et sont éclairés dans des couleurs métalliques jaunes ou grises ; les gentils ont le col ouvert jusque là, font des métiers glamour (metteur en scène, comédienne, écrivain), ont des apparts très class avec des tableaux abstraits et savent jouer du piano.
- quand une larme coule sur la joue d'un méchant, il faut comprendre que sous son armure bat un petit coeur, et que même un méchant comme lui peut ressentir la beauté d'un morceau de piano joué par un gentil, ou être touché par l'amour.
- bien que le col du méchant principal reste fermé, il devient gentil à la fin.
- la STASI, c'était pas fun.
Voilà, ceci étant précisé, je pense que les élèves pourront rendre un joli exposé du film lundi matin. Pour moi qui ne suis plus au collège depuis quelques temps, je me permets de hurler mon ennui devant ce film lisse et bien-pensant, scolaire et théseux (c'est la veine Le Pianiste, Le Vent se Lève, Schindler's List...), assez laid et qui n'a pour seul courage d'enfoncer des portes claquant déjà à tous les vents. Encore une fois, on est tout à fait d'accord sur le fond : c'est très mal de poser des micros chez les artistes dissidents, c'est moche de forcer les gens à dénoncer ses voisins, et l'Allemagne de l'Est en 1984 c'était pas la foire du Trône, on est d'accord. Mais peut-être, c'est une suggestion, y a-t-il autre chose à dire aujourd'hui sur cette époque que ces poncifs vieillots, que ce mélodrame manipulateur d'émotions, que ce scénario tracé au feutre taille 6... Piquer à Haneke le génial Ulrich Mühe, d'accord, mais l'utiliser autrement que dans cette caricature de tortionnaire au coeur sensible, c'est possible, ou c'est trop demander ? Allez, on apprend quand même deux ou trois choses sur cette sombre période, mais je dis : et alors ? Quel discours là-dessus ? Quel regard ? Quel intérêt ? Faire un film sur les années 80 en Allemagne n'oblige pas forcément à filmer comme un cinéaste allemand des années 80. Un film patrimoine, c'est tout. Je suis con aussi, je vais voir des trucs qui ont eu l'Oscar...