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6 mars 2007

Requiem (2006) de Hans-Christian Schmid

req1Parfois, vous passez devant un cinéma à 22h20, et vous rentrez à la seule séance possible, par hasard. ET vous tombez sur un film, que d'aucuns annoncent comme le énième renouveau du cinéma allemand (un genre en soi), et qui ma foi remporte l'adhésion. Le hasard a du bon.

Requiem traite, comme beaucoup d'autres films, de l'émancipation d'une jeune fille, ou plutôt de son difficile passage d'une adolescence catholique fervente à un âge adulte tourné vers les garçons et le rock'n roll. Rien que de banal, me direz-vous, et certes pendant un moment on se demande bien ce que Schmid veut dire de plus sur le sujet quereq2 ses glorieux prédecesseurs (Eustache, pour ne citer que lui). Et puis, le film prend très tranquillement un long virage qui devient captivant : sortie d'une enfance tournée vers la bienséance et la foi en Dieu la plus convaincue, Michaela est brusquement confrontée à la "vraie vie". Ce choc, allié à des crises d'épilepsie mal guéries, la rend malade, féroce, quasi-schyzo. Du coup, elle se met à entendre des voix, elle se sent désormais incapable de toucher des crucifix, elle entre en conflit ouvert avec sa bigotte de mère (Carrie n'est pas loin). Si bien que ses proches (son père, son confesseur) deviennent persuadés qu'elle est habitée par le Diable, et ne voient que l'exorcisme pour guérir la belle de ses nouvelles ambitions.

req3Le film, fantastique sans effets, effrayant sans monstres, d'autant plus étrange qu'il est ultra-réaliste dans sa forme, progresse inexorablement et subtilement vers ces scènes violentes de cris, de cérémonie funèbre. Filmé quasiment dans les règles du fameux Dogme (mis à part pour la musique), Requiem est assez insupportable dans le fond pour en faire un grand film à la Von Trier. Choix judicieux de la photo (le "crade" de la vidéo autant que de l'Allemagne des années 70) et de la bande-son (Deep Purple, entre autres, joue parfaitement le rôle de passeur entre une émotion mystique et planante et un rock brutal et moderne), interprétation parfaite (la grande gigue qui tient le rôle principal est tout simplement magnifique), sens de la tension d'une scène, sobriété et intelligence dans la mise en scène de ce sujet difficile : si ce ne sont quelques longueurs, notamment dans les scènes entre Michaella et sa copine trash ; et quelques clichés romantiques un peu trop niais quand même (la course des amoureux au milieu des moutons), le film remplit absolument son contrat. L'incompréhension qui entoure la métamorphose du personnage (une fille qui devient femme, c'est effrayant), et qui finit par contaminer la jeune fille elle-même, et cette lente dégradation de son mental (quel courage il faut pour affronter sa propre liberté) sont traitées très finement par Schmid. C'est un peu comme si L'Exorciste était un film de Pialat, pas mal, non ?   (Gols - 24/12/06)


right_1_"L'Exorciste filmé par Pialat" disait mon gars Bibice, oui pas mal, même si j'ai surtout pensé à la façon de filmer des frères Dardenne et à Rosetta en particulier: une caméra toujours en mouvement, traquant le moindre fait et geste de notre pauvre héroïne qui tente de se battre avec ses propres démons. Pas facile en effet de s'extirper d'une famille aussi conservatrice et surtout d'une mère aussi castratrice dans une Allemagne des années 70 où les gens s'habillent aussi mal qu'à Shanghai aujourd'hui - même Moulins à côté, c'est la cité de La Belle au Bois Dormant. Le plus dur pour elle est de faire face à l'incompréhension de ses proches -sa famille donc et les types de la Paroisse-, seul son petit copain lui apporte un quelconque réconfort avant d'être dépassé par les événements ou son amie qui, malgré ses doutes, garde une oreille attentive à son évolution. De très jolis morequiem_1_ments sur la piste de danse lorsque Michaella (pas facile à porter faut dire) se laisse aller aux simples notes de la musique et oublie l'univers qui l'entoure, des instants plus faibles comme le dit mon co-blogueur lors de cette romance amoureuse (la barque et les moutons, plus concon je vois po) ou carrément dur et à fleur de peau lors de ses crises de "possession"; malgré son courage à vouloir aller de l'avant, à vouloir quitter la cage de son enfance, en allant à l'université dans une autre ville, une force venue de nulle part (une crise d'ado ou cet enfoiré de Méphisto?) semble vouloir l'empêcher de s'émanciper pour de bon; son regard résolu lors de la dernière scène dans la voiture sonne comme un abandon et une phrase laconique (en allemand, chaud, j'ai dû reprendre mon dico...) nous apprend qu'elle finit par mourir d'épuisement chez ses parents. Pas forcément un happy end qui file la patate, même si l'ensemble du film possède une énergie propre grâce à un montage notamment au taquet.   (Shang - 06/03/07)

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