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18 février 2007

La Raison du plus Faible de Lucas Belvaux - 2006

18613954La Raison du plus Faible est un film à l'ancienne sans être du cinéma de papa, ce qui est assez rare pour le remarquer. Tout comme dans le très réussi Cavale (le seul bon film de sa trilogie, dirais-je), Belvaux va faire un tour du côté du cinéma de genre, en l'occurence le polar, mais un polar genre Melville, dans son radicalisme froid et sa rigueur. C'est un film de "casse", genre à lui seul, mais ici on est à 10000 bornes du côté glamour de Mélodie en Sous-sol. Belvaux filme la Belgique dans sa grisaille, dans son industrialisation 80's, vue du côté du prolo fauché, où s'acheter une mobylette, même d'occase, est un réel problème. Il fait doucement de la politique, vue par le seul bout de la lorgnette valable, celui des petites gens, des gens qui rament.

Le casse organisé par ces chômeurs et ces ouvriers déclassés répond à des besoins singuliers : plus que18472405 d'argent, les gars ont besoin de reconnaissance, de faire vibrer leur vie, ont besoin du petit peu de bonheur que la société leur enlève. Le montage du braquage est dépourvu du moindre affect romantique inhérent à ce genre de film : on vole froidement des voitures, on trouve de pauvres fusils de chasse qu'on scie soi-même... Même si Belvaux, dans ses dialogues, trouve souvent un aspect littéraire assez proche du romantisme (la sortie de son pote sur le manque de reconnaissance, son propre monologue sur "l'imagination"), il ne s'autorise jamais le moindre commentaire affectif sur ce qu'il filme ; c'est au spectateur de plaquer ses sentiments sur les images. Cette rigueur artistique fait merveille : le film, malgré ce postulat austère, n'est jamais froid. On suit avidement les mésaventures de ce petit groupe, on a peur pour eux, on se révolte à leur place de cette p... de 18613948mondialisation qui les accule au crime. Le jeu des acteurs est parfois un peu flou, il y a quelques dialogues un peu trop écrits, trop volontairement chargés, mais ce qui importe ici, c'est plus un dispositif simple et efficace qui tend cette histoire comme un arc. Belvaux s'autorise quelques respirations bienvenues du côté de l'humour ou de la romance (les rapports de Caravaca avec son fils et sa femme, les maladresses de ses complices...), mais ferme son film dans la noirceur la plus "dardennesque" qui soit. La Raison du plus Faible a tout compris des leçons du bon cinéma français classique (Melville, Sautet, Verneuil) et sait en plus se replacer dans le monde contemporain. Une réussite directe et franche, naïve certes mais efficace et touchante.

Commentaires
F
Superbe ! A revoir et à méditer en état d'urgence pour bobos quand on voit M. Toulemonde qui va jusqu'à embrasser la police.
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