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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
30 janvier 2007

Paris, je t'aime (2006) d'un paquet de réalisateurs dans le vent

18612979Malgré l'aspect forcément fourre-tout de ce film, constitué d'une vingtaine de petits films, l'impression qui reste est plutôt positive. Il y a beaucoup de styles là-dedans, en fin de compte. Bon, il faut bien reconnaître que certains n'arrivent pas à éviter le ridicule achevé : les Coen, décidément en perte de vitesse sévère, qui voient en Paris un univers à la Amelie Poulain, résumé par la Joconde, la violence urbaine et les mains au cul ; Gurinder Chadha, dont l'amateurisme dans les dialogues, le montage, et la direction d'acteurs laisse rêveur ; Vincenzo Natali qui fait du hors-sujet total ; Richard Lagravenese (?) qui fait vainement son malin avec un scénario qui ridiculise Fanny Ardant.

107066430_ef0c5a886a_oMais quand même, il y a quelques vrais moments inspirés, et pas forcément du côté où on les attend. Comme ça, les souvenirs en vrac de pics émotionnels :
- un magnifique Walter Salles, simple comme bonjour, très fort, avec cette sublime actrice qui était dans Maria Full of Grace. Là, linéairement, puissamment, intelligemment, il décrit le fossé social qui fait toute la couleur du Paris des riches, et c'est remarquable de sobriété et de justesse.
- un Podalydes subtil et fin (comme souvent), qui décrit Montmartre sans qu'on le voie, par les défauts du lieu (allez vous garer à Montmartre)
- un Alexander Payne assez poignant, monologue joliment écrit et heurté par la voix d'une107033022_80e4a2643b_o actrice impeccable. La simplicité, là encore, fait mouche, et l'émotion vous cueille sans qu'on l'ait vue venir.
- un Tom Tykwer (qui ? Tom Tykwer), certes un brin fashion victim, mais qui fait son effet pour peu qu'on soit fleur bleue comme moi aujourd'hui. Mise en scène tout en "placements d'acteurs", une manière d'envisager l'amour par le biais des regards et des absences absolument convaincante.
- un long travelling d'Alfonso Cuarron bien pensé et très joli.
- enfin, un Isabel Coixet (ben oui, quoi) sublime, le plus beau film, grâce à la présence de Sergio Castellito, émouvant et triste. Le scénario de ce petit truc m'a mis les larmes aux 18612978yeux, tout simplement.

Voilà, les grands films ne viennent pas des Van sant, Assayas ou Suwa attendus. Ils s'en tirent, remarquez bien, tout à fait honorablement. A noter aussi, c'est pas rien, que Wes Craven arrive de là où on ne l'attendait certainement pas : son film (raté, ne nous emballons pas) ressemble comme deux gouttes d'eau à du Woody Allen, oui messieurs-dames.   (Gols - 14/07/06)


De multiples histoires d'amour se déclinant sur fond parisien, c'est pas une mauvaise idée, même si au final la place laissée "aux décors parisiens" paraît bien congrue et qu'aucun véritable coup de foudre pour un film de la série n'a vraiment lieu... Allez, bref passage en revue des troupes:

Le Podalydès: il semblerait qu'il soit aussi difficile de trouver une place à Paris qu'une femme seule... Heureusement un ange quasiment tombé du ciel vient s'écrouler près du pare-choc du héros -célibataire malgré-lui - qui égrénait alors ses diverses qualités, et ce dernier de jouer au sauveur et d'offrir un havre de paix dans sa voiture à la donzelle. Si la fin est un peu "ha déjà!" - ouais c'est un court quoi... - j'aime beaucoup ce petit dialogue: "- Votre main sur la nuque, ça m'a fait du bien, dit-elle. - Moi aussi, répond-il automatiquement", pas mal non?


54312_d03aae87815c9d7b405b41043b19f967_1_Le Chadha: Scènes de drague lourdingue sur les quais, avec amourette aussi lourdingue entre un jeune français très "gggggggggggguaiinnnn" et une jeune beurette voilée. Bof, mais la fille est jolie (c'est ma réplique préférée qui met toujours en rage mon co-blogueur...)


Le Gus Van Sant: 1 mec en drague un autre dans une imprimerie des Marais, ils sont tout deux dotés d'une plastique grecque, seul problème, ils ne parlent pas la même langue... Incommunicabilité ou coup de foudre alchémique, le récit peine à convaincre malgré l'échappée belle de la fin avec ce long travelling très parisien sur fond de jardin - mais point caraxien, faut pas exagérer.


Le Cohen brother and brother: Buscemi perdu dans un métro parisien à l'esthétique légèrement "Amélie Poulain" qui va faire les frais de la mise en garde de son guide "ne jamais croiser un regard"; qu'il attire celui d'une femme -forcément fatale- puis de son type -d'où baston fatale-, les Cohen s'amusent de deux-trois stéréotypes de l'américain à Paris, avec en prime les multiples "clichés" du sourire de Mona Lisa. Sympa, mouais.


Le Salles/Thomas: en effet l'un des plus légers et des plus réussis sur le thème "métro/dodo bébé/boulot:dodo bébé": une jeune femme chante une très jolie berceuse (en brésilien hein?) à son enfant avant de faire bis repetita pour l'enfant qu'elle garde: touchant avec en prime une plongée dans le RER et le métro plus vraie que nature.


paris_je_t_aime_3_1_Le Doyle: à defaut d'avoir une vision chinoise pour ce film collectif (bien dommage), un récit sur la porte de Choisy et l'univers sinisant du lieu: ça part gravement en live, jeu de mots sur le nom du personnage principale Henny et le fameux "Wo ai ni" ("Je t'aime", mais ouais, les gars, c'est la base)... un peu n'importe quoi, mais cela a fait marrer mes étudiants. Bon.


Le Coixet: Tout à fait d'accord avec le Bibice, sûrement le plus beau et le mieux écrit; un homme veut quitter sa femme pour une légère hôtesse de l'air mais celle-là lui apprend qu'elle est atteint d'une leucémie... Le drame quoi... L'homme va alors s'efforcer de multiplier les preuves d'amour ce qui lui permettra finalement de retomber sous le charme de sa femme ("A force de se comporter comme un homme amoureux, il devint à nouveau amoureux", joli) prenant ainsi le contre-pied de la logique; plein de poésie, jolie réflexion au passage sur l'amour sans avoir l'air d'y toucher, du bon boulot quoi.


Le Suwa: Binoche en larmes - elle a perdu son enfant-, Hippo filmé de dos ou po cadré (pas de bol), un étrange cow-boy lynchien qui débarque place de la Victoire... Le problème étant que Suwa n'est pas Lynch et cela reste très superficiel au final.


Le Chomet: partant de cette simple constatation ("con de mimes"...), il nous livre un récit dans un univers proche de celui de Decoufflé un peu gnan-gnan mais avec un certain charme (ultra désuet certes, mais pourquoi pas) - le film pour enfant quoi.


Le Cuaron: long plan séquence entre un homme âgé et une jeune fille et coup de théâtre final: c'est po son amant mais son père... Ah ok!; la démarche déguingandée de Nick Nolte en prime.


L'Assayas: un dealer de shit, une aspirante actrice, on comprend pas trop là où l'Olivier veut vraiment en venir... C'est le début de son prochain long ou grosse panne d'inspiration?


Le Schmitz: Récit assez touchant quoiqu'un peu convenu entre un black blessé et une secouriste (d'une beauté ahlalalala); construit en flash-back on comprend que l'homme en est arrivé là à cause d'elle, suite à un enchainement de mésaventures assez tragiques. Rien d'extraordinaire mais le récit fonctionne.


Le Lagravenese: Fanny Ardant (plus jeune que jamais, comment est-ce possible de Dieu!) et Bob Hoskins, s'amusent à jouer à se rencontrer pour la première fois; sex shop et éclairage rouge, strip-teaseuse, concert romantique dans la rue, et multiples paires de baffes données avec un naturel confondant par la Fanny... Ah si François te voyait il serait encore fière de toi, crois-moi.


Le Natali: Amour saignant entre Bilbo-le-hobbit et une vampire; un esprit qui dénote dans l'ensemble de la série avec un Paris encore plus effacé... Po vraiment d'intérêt.


Le Craven: à défaut de mort-vivant, Craven plante son décor dans un cimetière - la sépulture magnifique d'Oscar Wilde au Père Lachaise - et nous conte une histoire d'amour assez tendre, une femme décidant de quitter son mari, celui-ci manquant d'humour et de légèreté; il parviendra à la reconquérir en lui citant deux phrases de son écrivain préféré: "Les amis vous poignardent par devant", "Comment être heureuse avec quelqu'un qui te traite comme quelqu'un de normal". "Romantic" à souhait.


54312_ebf94ecc5df5d14b6d8e0a6ea1bcd1ea_2_Le Tykwer: A grand renfort de séquences survitaminées et d'un montage à 3000 km/heure -il fait po dans la dentelle, le Germain, c'est clair- une rupture qui se transforme en "jeu dramatique" (ouais faut voir pour comprendre); on est un peu perdu mais il faut avouer une certaine efficacité à l'ensemble; construite en flash-back, le héros repasse dans sa tête tous les moments forts de leur amour et c'est quand même une gageure de nous y faire croire en 3 minutes. Lourd mais pro. Allemand oui.


L'Auburtin/Depardieu: si ce n'est le plaisir toujours incommensurable de retrouver les éternels acteurs cassavétiens que sont la sublime Gena Rowlands et le stoïque Ben Gazzara, peu d'invention dans cette séquence de divorce.


Le Payne: On retrouve le ton un tantinet décalé d'About Schmidt dans le récit de cette américaine moyenne qui se perd dans Paris, y cherchant un charme indéfinissable qui ne cesse de lui échapper. Au final, elle se sentira vivante ayant le sentiment que Paris l'aime et on est assez content pour elle.   (Shang - 30/01/07)

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