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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
22 janvier 2007

Symbiopsychotaxiplasm: Take One (1968) / Take 2 ½ (2005) de William Greaves

s360_2_En dehors de faire le fier pour avoir le titre le plus long de ce blog, Symbio… (j’abrège hein ?) recèle d’une multitude d’intérêt dont je suis prêt à discuter quelques minutes avec vous.

1968, guerre du Vietnam, le mouvement de la contre-culture et tout le tintouin, on est en plein dedans et ce film est un véritable symbole de son époque. Le concept est simple : on est à Central Park, on dispose d’un dialogue de quelques pages (l’éternelle histoire de la rupture) et tout le monde filme tout le monde. Véritable « work in progress », ou plus précisément « shooting in progress », ce qui intéresse William Greaves ne semblant pas tant être le résultat final (le « script » est passablement bien écrit, les acteurs sont loin d’être extraordinaires, l’équipe technique po toujours au point…) que de montrer quelles sont les relations entre le réalisateur et ses acteurs, le réalisateur et son équipe technique,… en gros toutes les interactions qui se créent dans un environnement donné (c’est un peu le sens du titre si jamais vous êtes passé à côté). 4 ou 5 caméras sont à l’œuvre pour que rien n’échappe jamais à l’œil du téléspectateur. Si on a l’impression que le William patauge un peu dans la semoule, c’est aussi l’impression de l’ensemble de l’équipe technique qui décide de faire sécession… Plus précisément, ils se mettent à organissymbio_1_er des petits meetings pour réfléchir à la façon dont s’y prend ce bon William et c’est là en fait, à la fois dans cet esprit d’indépendance et dans ces réflexions sur le processus de la création que se joue tout l’intérêt du film, que réside le nœud du concept. Tout le monde a bien conscience que c’est l’une des premières fois qu’une équipe technique « se rebelle », ou tente d’échapper au directeur (et se faisant de créer « œuvre unique »), tout en en venant rapidement à la conclusion que c’est peut-être ce que recherchait William Greaves lors du développement de ce projet. En pleine guerre du Vietnam, il s’agit autant d’une métaphore que d’un asymbio_postcard_1_cte de foi. Si chacun peu à peu semble, par ce procédé, se décomplexer de l’emprise du metteur en scène, tout jeune aspirant cinéaste devrait aussi pouvoir y puiser un certain réconfort : William ne semble pas toujours vraiment savoir où il veut en venir mais finira par faire une œuvre qui fera date dans l’histoire du cinéma (se servant par la suite amplement des bobines tournées « off » par son équipe technique). Il semblait chercher à provoquer un certain conflit au sein de son groupe –comme il avoue dans Take 2 ½ lors d’une projection - et l’en voilà grandement récompensé. Vers la fin du film, il y a aussi l’intervention d’un peintre d’origine polonaise (il se définit comme architecte de formation et aussi… d’alcoolique à ces heures) qui dort dans le square et qui se lance dans une envolée oscillant entre le ridicule et le génial (sur l’amour, le sexe, l’Art, le pouvoir…) permettant ainsi de résumer parfaitement le projet de Greaves qui le regarde d’un œil goguenard.Symbiopsychotaxiplasm_1_

Il n’est pas si anodin de retrouver les mêmes personnages 35 ans plus tard (avec Buscemi et Soderbergh à la production) alors que la guerre en Irak est un nouveau bourbier pour les Etats-Unis. On retrouve le même couple d’acteurs que dans le premier (Greaves ne cessait de changer d’acteurs mais avait terminé avec ces deux-là), avec pareil, po plus de 3-4 pages de dialogues préparés, l’accent semblant être mis cette fois-ci, encore plus que dans le premier, sur la frontière très trouble entre la réalité et la fiction (les premières retrouvailles entre les deux acteurs semblent « réelles » alors qu’elles sont purement fictionnelles) et sur la notion de direction d’acteurs et du rôle de l’improvisation. Les tensions entre les deux personnages sont beaucoup plus réussies que dans Take one et l’on prend également tout autant plaisir à symbio_2_retrouver certaines discussions « off » des différents techniciens, chacun semblant vouloir « jouer au réalisateur ». Greaves n’est point dupe de la situation d’autant que les relations entre les différents membres d’une équipe de ciné ont évolué en 35 ans. Il est tout de même assez intéressant de voir le caméraman se prendre un peu le bec avec Greaves sur la façon de tourner le film en fonction du montage, le caméraman avouant par la suite que 90% des réalisateurs avec lesquels il a tourné ne connaissent rien aux aspects techniques du cinéma. De même, Greaves, que l’on voit assez peu finalement, s’explique sur ce qu’il recherche ; l’un des membres de l’équipe avouant n’avoir point vu en quoi le premier Symbio… était une métaphore, il reconnaît que de toutes façons l’intérêt est ailleurs ; le spectateur ne devant point tant réfléchir à ce que le réalisateur a cherché à faire que réfléchir tout court. C’est po forcément nouveau mais cela permet aux deux films de s’inscrire dans une « recherche du temps filmé » des plus pêchus. Bon va encore falloir que je file ces deux dvds au gars Bastien pour alimenter des discussions suntorisées.

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