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16 janvier 2007

LIVRE : Le paradis - un peu plus loin (El paraiso en la otra esquina) de Mario Vargas Llosa - 2003

e491_1_Llosa nous propose de suivre par le menu le destin de deux grandes personnalités chacun dans leur genre: celui de Flora Tristan, militante ouvrière au XIXème siècle et celui de son petit-fils, Paul Gauguin. Si la première se dévoue à vouloir offrir aux "gens de peu" un monde meilleur, le second, dans son exil tahitien puis aux Marquises tente de se rapprocher dans chacune de ses oeuvres un peu plus du paradis.

Flora Tristan est également une féministe dont le combat à l'époque relevait de la double gageure: s'imposer face à un monde d'hommes (hein Sarko?) et s'imposer face aux patrons tout puissants (hein Sarko?); de son mariage catastrophique avec un homme qui abuse d'elle, à son périple dans le sud de la France pour monter des comités de travailleurs (hein Arlette?) en passant par un séjour en Angleterre et au Pérou, on suit la trajectoire d'une femmee536_1_ qui a voulu croire jusqu'au bout -quitte à en perdre la santé- à un monde meilleur pour les artisans et les divers travailleurs exploités. Elle marche en cela dans les pas des théories de Saint-Simon et de Charles Fourier tout en proposant une version moins utopiste et plus pragmatique. Si lors de son tour de France (un peu répétitif, certes), elle demande aux patrons eux-mêmes de contribuer à sa cause ("- Pourquoi donnerai-je mon argent sans rien recevoir en échange? - Par générosité, par altruisme, par esprit de solidarité avec les déshérités. Sentiments qui, je le vois bien, vous sont étrangers.") et doit souvent faire face aux perquisitions et aux arrestations des autorités locales qui ne voient en elle qu'une fauteuse de troubles. Llosa s'attache tout autant à son profil psychologique -et ses nombreuses désillusions- qu'à son action sur le terrain - et ses nombreuses petites graines semées. Le paradis semble malgré tout encore bien loin...

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e602_1_Paul Gauguin était lui aussi à la recherche du paradis perdu lorsqu'il décida d'installer sa maison du Jouir aux Marquises. Llosa nous offre une véritable biographie romancée du peintre passionnante de bout en bout. Boursicoteur, puis peintre "par hasard", le long cheminement de Gauguin est retracé, de ses galères au Danemark en passant par les hauts et les bas qu'il connut à Tahiti, en passant par Pont-Aven, sa relation avec Van Gogh, ses misères parisiennes. Il s'agit de nous montrer un homme et surtout un artiste en action et Llosa nous fait rentrer dans son univers et dans celui de ses tableaux comme rarement. Il est d'ailleurs presque dommage de ne pas avoir une édition avec un supplément en couleur des différents tableaux qui sont superbement décrits dans l'ouvrage (comme je ne suis pas chien, je vous en donne quelques-uns: "Aita Tamari vahiné Judith Te parari", "Nevermore", "D'où venons-nous, que sommes-nous, où allons-nous", "Le sorcier de Hiva Oa", ainsi que l'un des tableaux les plus inspirateur pour Gauguin "L'Olympia" de Manet). Si ses rencontres amoureuses ponctuent quelques unes de ses plus belles inspirations ("Au lit, il était difficile de savoir si la Javanaise jouissait ou faisait semblant. En tout cas, elle te faisait jouir, toi, et en même temps elle t'amusait. Annah t'avait rendu ce que, depuis ton retour en France, tu craignais d'avoir perdu: le désir de peindre, l'humour et l'envie de vivre."), l'on suit surtout un homme en combat constant avec ses doutes, ses excès (alcooliques ou sexuels) et sa maladie (une saloperie de maladie vénérienne qui lui ronge les jambes). Provocateur, râleur, être contradictoire, ce portrait de Gauguin semble aussi vivant que celui de Marylin par Mailer, une référence. Llosa, chapeau bas encore une fois, pour cette oeuvre revigorante.   

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