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Shangols
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5 août 2014

Jours de jeunesse (Gakusei romance : Wakaki hi) (1929) de Yasujiro Ozu

ozu1Tout premier film (retrouvé…) du maître, bon ben on ne va pas crier au chef-d’œuvre non plus. C’est tout au plus sympathique, il a toute notre compassion car il a tourné les ¾ du film dans la neige et il a dû sûrement se les peler - sans parler des problèmes techniques – bref, c’est bien parce que c’est lui qu’on va faire plus de trois lignes. 4-5 panoramiques assez maladroitement enchaînés et on découvre un appartement qui est à louer. Une personne vient visiter l’appart, le locataire dit qu’il vient juste d’arriver, déchire l’annonce et sitôt l’autre reparti remet une affiche « appartement à louer ». Au bout de la 32ème fois on se rend compte qu’il s’agit surtout d’un plan de drague pour faire la connaissance d’une jeunesse nipponne (bon, c’est un peu compliqué mais pourquoi pas, ça finit par marcher, une jeune fille venant visiter et prendre l’appart…). On découvre ensuite un binoclard jap à la Harold Lloyd avec la même fille et le gag du « oh flute j’ai posé la main sur de la peinture fraîche comment vais-je faire pour ne pas avoir l’air ridicule ? »… 18 gags ratés plus tard, le type se met malencontreusement la main sur la joue (on le voyait vraiment pas venir…) et la fille se moque de lui, laozu_2 honte putain. Bref les deux amis se connaissent en fait, vont même partager par la suite le même appart et c’est l’éternelle histoire de 2 hommes, 1 fille, 0 possibilité. En effet peu après leur examen (le binoclard pompe des trucs dans sa manche, fourbe le Jap quand même !), ils décident de partir au ski et après moults chutes super pas drôles (même celle avec « caméra embarquée » où on plaint le pauvre technicien qui a dû faire le pitre et finir par se faire mal), ils finissent par rencontrer la même fille. Comme le binoclard est un piètre skieur, l’autre n’arrête pas de lui piquer la fille (il la fait en plus tomber exprès pour pouvoir lui enlever la neige et lui mettre la main aux fesses, taquin de Yasujiro va) et ça dure des plombes comme ça. Tout ça pour po grand chose d’ailleurs puisque finalement un de leurs amis de classe demande la fille en mariage et ils se retrouvent comme deux gâteaux au soja. Pas grave, ils rentrent, mettent une annonce « appart à louer » chez eux et ça les fait bien marrer. Bon, sexuellement, on peut pas dire que ce soit osé, au niveau des gags (le binoclard qui court après son ski pendants 20 lieues) il faut reconnaître qu’il y en a de plus fins dans les Bronzés, au niveau du scénario on peut pas dire non plus qu’il y ait des tonnes de trouvailles ; Ozu filme souvent les pieds et on retrouve quelques plans fixes sur des cheminées, des mats ou des trucs qui tournent dans le vent, plans qui se systématiseront par la suite ; le film se termine sur les mêmes panoramiques en sens inverse et on se dit que le pano c’est décidément pas son truc. Vivement qu’il pose sa caméra par terre une bonne fois pour toutes, le Ozu, et s’attache à des personnages avec une vraie profondeur !   (Shang - 12/01/07)


Ozu-The-Student-Comedies-Days-of-Youth-31934_1Mon compère a fait le tour de ce tout petit film des débuts, aussi bien pour ses nombreuses faiblesses que pour ses quelques qualités. Si vous êtes bien luné, vous apprécierez tout de même ce gentil ton finalement assez moderne dans le portrait de la jeunesse folle des années 20 : le sentiment amoureux y est traité de façon relativement dévergondé, et le mariage gentiment fustigé (le gars qui, à peine la fille rencontrée, se retrouve avec une pelote de laine bien symbolioque autour des mains, une image assez pathétique des liens conjugaux). A grands coups d'objets symboliques (une cage à oiseaux, des chaussettes de laine...), Ozu attaque de biais la convention du mariage, définitivement du côté de la jeunesse et de la légèreté de la vie. Il filme donc gentiment cette petite comédie sentimentale, se plaçant clairement sous l'égide du burlesque américain de l'époque. Certes, il n'a pas le talent poétique d'Harold Lloyd, et ses gags manquent vraiment de rythme et d'invention. Mais il touche vraiment dans la deuxième moitié à quelque chose de très spontané, de très frais, qui réussit son coup. L'humour en lui-même est bien pataud, mais c'est réalisé avec une joie évidente. Les jeunes gens sont ceux de son époque, superficiels, crispants, mais du côté de la vie. Les sports d'hiver sont assez fun, d'autant que Ozu trouve une belle variété de façon de filmer les chutes, la neige, et les amours naissantes et éphémères des p'tits jeunes : caméra embarquée, plans subjectifs, travellings, décadrages, ça y va.

Days-of-Youth-2-300x225Plus étonnantes sont les références au mélodrame américain, notamment avec ces allusions appuyées à Seventh Heaven de Borzage. Ca donne une lecture légèrement plus profonde à la chose, les personnages étant peut-être finalement à la recherche mélancolique d'un grand amour et se heurtant au manque de fric, d'ambition, de vitalité. En tout cas, on le voit, Ozu pose dès ses débuts un regard précis sur l'Amérique, ce qu'il fera jusqu'à la fin de sa carrière. A ce titre, Jours de Jeunesse apparaît comme un vrai Ozu-movie, même si on ne reconnaît que lointainement les marques de son auteur. Pour plus de génie, patientons quelques années.   (Gols - 05/08/14)

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