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31 décembre 2006

Celebrity de Woody Allen - 1999

CelebrityJe me souvenais de Celebrity comme d'un Woody très mineur, un peu comme le début de la fin dans sa carrière (et le fait est qu'il a pondu peu de choses excellentes depuis). Eh bien, non, c'est une petite chose très agréable, drôle et inspirée. Certes, c'est très léger, la critique du monde des people manque un peu de subtilité, mais enfin ça fait quand même du bien qu'un des grands cinéastes ricains règle son compte à cet univers vain et vide. De la star qui garde son corps pour son mari mais pas sa bouche, à Leonardo qui pète les plombs dans un hôtel avant de s'envoyer comme une bête deux groupies blondasses, de l'idiotie totale des peintres contemporains au monde fissuré de la télévision populaire, le trait est fort et frappe doucement les points sensibles. Un peu comme le Altman de Prêt-à-porter ou de The Player, Woody brasse une foule de eprsonnages tous plus minables et creux les uns que les autres, et crée un film ma foi assez ample et audacieux, avec un grand sens de l'homogénéité.

Ce qui rend Celebrity vraiment touchant, c'est qu'on sent bien que cette critique du monde du spectacle neceleb_1 va pas sans une certaine admiration fantasmatique de la part du gars Woody. A commencer par le jeu de Brannagh, un copié-collé parfait du jeu de Woody lui-même : même diction hachée ("You know I'm I'm I'm... well you know I just... I... can't believe it"), mêmes caractéristiques (le looser intello). Brannagh est plus que parfait dans le rôle de Woody-avec-20-ans-de-moins, et c'est assez marrant de le voir mettre en application les fantasmes les plus inassouvis du gars. La meilleure scène est en effet celle réunissant Brannagh et Charlize Theron : la nana drague frontalement le petit mec, lui passe une langue de 8 mètres de long dans l'oreille, jouit dès qu'il lui touche le bras... C'est non seulement poilant, mais c'est aussi une situation de comédie troublante. Brannagh est dans cette scène le transfert direct de Woody. Il y a là-dedans quelque chose de l'Antonioni d'aujourd'hui (mais oui) : le cinéma sert à Woody pour assouvir ses pulsions sexuelles par l'intermédiaire de ses acteurs.

celebrityAjoutons que la photo du film est absolument sublime, ainsi que tous les acteurs. Judy Davis, par exemple, est comme toujours parfaite dans le rôle de la victime du système médiatique (dépressive et hystérique, elle finira sur un plateau télé à présenter les potins mondains), en perte d'innocence et de simplicité. La mise en scène suit ces personnages avec beaucoup de panache, par d'amples mouvements qui brassent des tas de motifs, de caractères, de décors en même temps. C'est raffiné et élégant comme du Allen, disons (à l'époque où il savait quoi faire de sa caméra). Il y a  notamment une scène de restaurant (motif hyper-récurrent chez WA), où Brannagh tombe sous le charme de Wimona Ryder, qui est sidérante dans sa complexité (deux dialogues qui se croisent, des regards subtils, une caméra mobile qui vient cadrer toujours le petit sourire, le petit battement de cils) et qui est parfaitement réussie. C'est exactement le genre de plan que Lelouch a toujours voulu faire sans jamais y arriver. Celebrity est un Woody majeur.

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