Les Chaussons rouges (The Red Shoes) de Michael Powell et Emeric Pressburger
Je dois être dans une période rouge, je vois pas d'autres explications. Voici donc l'un des grands classiques de la comédie musicale en couleur (10 billions de pixels), la danse au cinéma, l'art dans l'art, les pieds dans les chaussons, la mise en abyme qui finit dans l'abysse.
Il faut bien avouer que les réalisateurs ne sont pas pressés avant d'en venir au gros morceau, le ballet adapté d'Andersen. Pendant une heure on suit donc d'un oeil un peu goguenard l'installation de l'intrigue, entre le directeur du ballet, le dictatorial Lermontov - qui marche avec un balai (l'autre) dans les fesses et ferait passer Laguerfeld pour Bob Marley - qui va faire confiance à une jeune danseuse aux cheveux aussi rouges que celle des fameux chaussons et à un jeune compositeur aussi inspiré que moi à l'harmonica après 48 Suntori. Viennent donc enfin ces séquences d'anthologie, avec certes quelques effets spéciaux un peu kitchouille mais avec un charme qui opère malgré tout tant la beauté des décors et de la mise en scène, la légèreté de la danseuse et le rythme infernal de ses plans - il y a un chtit ralentit avec des cellophanes qui s'envolent très inspiré - emportent tout sur leur passage. De la petite scène de théâtre, la caméra nous embarque sur des plateaux gigantesques dans une reconstitution hallucinée et hallucinante, une véritable visite guidée des studios Pinewood... Bon, moi-même qui n'ai aucun goût artistique et ballerinaire (po un gros gros fan des comédies musicales, je dois bien le reconnaître) , je fus transporté. Lermontov est enfin fier de sa pygmalionne (ça sonnait bien, je trouve) en tombe amoureux mais un peu tard... elle est déjà avec le bellâtre compositeur qui l'a enlacée (j'attire votre attention sur le jeu de mot). Etre amoureuse ou être danseuse là est la question et ne pouvant prendre un décision entre quitter son nouveau mari et ses vieilles ballerines, elle se verra entraînée dans une chute fatale.
Sur une musique enlevée et un soleil de Monaco réjouissant, on assiste à ce sacrifice en se disant qu'une petite larme serait bienvenue mais quand on a pas 2 sesterces de romantisme, c'est pas facile. Bon je vais remiser pour un temps mes Fred Astaire et Ginger Rogers, je veux point risquer de me faire conspuer par mon co-blogueur. Oui pas ultra-emballé, si je peux encore m'en permettre un dernier.