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12 octobre 2006

5x2 de François Ozon - 2004

A ma deuxième vision de 5x2, je confirme : Ozon est bien le grand cinéaste français d'aujourd'hui. Ce film est bouleversant. Il est certes à l'origine d'une mémorable dispute de l'auteur de ce texte avec son amie de l'époque (ce blog est autobiographique), mais je maintiens, si jamais elle lit cet article : non, aucun des personnages qui constituent ce couple n'est plus coupable l'un que l'autre. 5x2, c'est juste le lent délitement d'un couple, rien de plus. Pas de considérations psychologiques, pas d'évènements qui font pencher la balance d'un côté ou de l'autre : juste la chienne de vie qui se déroule.

5x2_170

On assiste donc à l'histoire d'un amour, en commençant par la fin (je n'ai pas encore vu la version 2x5, remontée, bientôt promis), en 5 séquences : le divorce, la soirée en famille, la naissance du gosse, le mariage, la rencontre. L'implacable mécanique de la forme font du film un essai terrorisant sur la perte des sentiments : ce couple est déjà condamné, dès les premières minutes, à se déchirer, et nous sommes les témoins impuissants de cette déconfiture. Ce qui est poignant dans ce film, c'est l'extraordinaire rectitude du procédé : en grand manipulateur qu'il est toujours, Ozon nous enferme dans son installation, nous prend en otages, et nous rejette à la fin livides et désespérés. Aucun échapatoire, les dés sont jetés dès le départ, pas un brin d'espoir ou de joliesse dans cette expérience froide et clinique.

5x2m

Pourtant, comme souvent chez Ozon, la douceur est bien là : dans la photo (très jolie scène onirique lors du mariage, au bord d'un plan d'eau beaucoup trop vert-bouteille pour être honnête ; belles couleurs aussi dans la scène finale sur la plage), dans la musique (utilisée avec un cynisme révoltant, elle est toujours surprenante, comme dans 8 femmes), dans le jeu des acteurs (Bruni-Tedeschi et Freiss, éblouissants tous les deux, tendus, habités, émouvants, violents, affichant une faiblesse d'enfant, portant le poids de l'existence avec une force magnifique) et surtout dans la mise en scène : elle est très attentive, traque le moindre regard, elle suit les acteurs au plus près pour les obliger à donner du sens, à livrer des signes de désastre. Elle est discrète et pourtant toujours dopante, harcelante et impudique. Les gros plans d'Ozon devraient faire école, notamment dans la première séquence, où les yeux des comédiens sont attrapés par une lumière crue et une caméra scruteuse qui ne les quittent pas.

2

Ce film est d'une tristesse infinie et d'une agressivité effarante. Il est bouleversant, inoubliable, captivant. Entre l'expérimental et le naturalisme, entre Von Trier et Sautet. Je vais tout lui piquer pour ma prochaine mise en scène.

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