Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
24 septembre 2006

Les Réprouvés (Los Olvidados) de Luis Buñuel - 1950

que_final_prefiere_3"Ce film n'est pas optimiste", annonce une voix off au début du film. C'est le moins qu'on puisse dire. Los Olvidados est d'une tristesse et d'une noirceur insondables, même si les références de Buñuel vont autant vers Chaplin que vers le néo-réalisme italien. Le destin qui entraîne ce petit groupe d'enfants vers la misère, le meurtre et la violence est absolument insupportable dans sa résolution. L'enfance vue par Buñuel est un univers privé de tout espoir. Avides de tendresse et d'amour, ces gosses se heurtent à des adultes froids (la mère du héros) ou réactionnaires (l'aveugle). Du coup, Buñuel renvoie dos à dos tout le monde : les parents, la société, la misère sociale... et les ados eux-mêmes qui, en face de ce mur de cruauté, ne peuvent que devenir eux-mêmes des ordures (la très belle scène de tabassage de l'aveugle). Si quelquefois le cinéaste laisse apparaître un personnage plus sensible (le directeur de la prison), il ferme immédiatement cette issue possible par un évènement qui remet tout en cause. Terrible.

Côté réalisation, on n'est pas loin de la perfection, avec cette attention constante au rythme (très enlevé,bunuel_olvidados2 il se passe mille choses en 1h15), à l'arrière-plan (Pasolini n'est pas loin), aux personnages. Seule la musique est un poil omniprésente, bien que tout à fait en harmonie avec les images (ces sons stridents de flûtes ou de violons qui tendent chaque scène). Il y a surtout une scène centrale de rêve qui ferait pâlir Cocteau : très violente, en même temps que poétique dans son côté surréaliste, elle montre en deux minutes tous les tenants et aboutissants de l'histoire. Magnifiquement filmée et montée, elle est le sommet du film. Les scènes plus réalistes sont parfaites elles aussi : baignant dans une lumière crue qui rappelle le grand cinéma italien, elles mettent à chaque fois en place un dispositif complexe et sensible de réseaux entre les personnages. Les animaux, omniprésents, sont là pour amener un contrepoint idéal à l'action.

olvidados_06Los Olvidados est un film très courageux, insupportable et sensible, qui se termine quand même sur le cadavre d'un enfant qu'on jette dans une décharge publique. Montrer la misère et l'abandon d'une génération avec une telle frontalité, c'est très très culotté. Pauvre Buñuel : son objectif annoncé au début du film (améliorer la société future) est loin d'être gagné. Los Olvidados est toujours d'actualité. Un film à faire voir de toute urgence à Sarko.

Tout Buñuel : clique

Commentaires
Derniers commentaires